mardi 29 janvier 2013

Mais qu'est-ce tu bois doudou dis donc???


Je suis sûre qu’il fait pas beau voir dans la tête de Jean Claude Van Damme. C’est un sport national de se moquer de lui, même s’il se fait rare en ce moment. Pas qu’il nous manque non plus. Il est la synthèse du malaise des expats. Ceux qui mélangent leur langue maternelle (le belge) et la langue anglaise. Pour ma part, il s’est passé des choses dans ma vie qui font que maintenant, je le comprends, je sais ce qu’il voulait dire quand il disait qu’il était « aware ». Il ne se rappelait plus son belge. Je ne prends pas de coke, je ne sais pas faire le grand écart et je ne sais, hélas, pas casser les noisettes avec mes fesses, mais quelque part, on se ressemble lui et moi. Et ça me fait mal de l’écrire.

C’est vrai qu’en décembre dernier, entre toutes les fêtes de boulots - que je n’ai pas, mais je connais des gens qui travaillent - toutes les excuses étaient bonnes pour sortir au pub et fêter Noël : la petite tape dans le dos qui réconforte en fin d’année, le bonus pour les chanceux.
Suis-je encore enivrée par ces nombreux verres de bières ? Parce que c’est Marie dans la brume en ce moment. Je ne comprends rien à ce que m’on me dit et vice versa, mon lexique soutenu me fait cruellement défaut. C’est la pénurie, plus rien dans la cafetière, la famine linguistique.
J’ai cherché à trouver l’origine et le cheminement de ma pensée s’est arrêté à Jean-Claude Van Damme ( ?). Du coup, j’ai imaginé l’intérieur de son cerveau pour voir s’il était comme le mien. Ça doit être comme un petit laboratoire, un centre névralgique d’éditions de  dictionnaires franco-anglais, où y’auraient pleins de petits rats qui pédaleraient à mort pour qu’il y ait un peu de lumière là-dedans. Certaines de ces petites bêtes seraient en train de raffiner de la drogue sous leur blouse et masque blancs au lieu de pédaler comme on leur a demandé à la tour de contrôle (Jean-Claude). Il y aurait un Jean-Claude qui ferait des étirements au sol, le petit rat mais de l’Opéra et un autre qui ferait le grand écart en cuisine, une jambe sur chaque tablard rien que pour nous. Il y aurait une grande cuisine. En fait, il y aurait pleins de Jean-Claude et ça ferait un peu flipper – si on est pas Jean-Claude – parce que ce serait la cacophonie, ils parleraient tous en même temps. Aware. Aware. Aware. Ce serait le bordel, donc y’aurait un autre J-C qui hurlerait pour couvrir tout ceux qui parleraient le franglais et du coup, si on s’accorde à dire que c’est un scenario envisageable, cela expliquerait pourquoi ce qui sort de la bouche de cet homme est incohérent, inepte et dyslexique. C’est la banqueroute des dictionnaires et la réputation bouffone de Jean-Claude servie sur un plateau.

Vous avez raté - et vous ne pouvez pas tout avoir non plus - car vous avez déjà votre Jojo national qui vante les mérites des lunettes Optic 2000 et on vous le laisse,  mais ici en Angleterre, J-C fait une pub pour la bière Coors . Hyper drôle et tellement bien joué. Derrière : les montagnes enneigées. Devant : J-C en jean neige (comme derrière) et mocassins noirs. Choisissez celle qui vous fait le plus marrer, y’en a plusieurs, toutes aussi drôles, ma préf c’est celle de la larme. Jean-Claude qui se parodie, qui s’abandonne dans le rôle de sa vie. C’est pas votre Johnny qui aurait les fouilles de faire ça ! En revanche, nous ne sommes pas en mesure de vous dire s’il a vraiment compris la blague, mais c’est bon.

Bah, voilà où j’en suis. La peur panique de devenir un Jean-Claude, une parodie, la moquerie de mes amis. Je ne parle plus le français aussi bien qu’avant et mon anglais est, et sera toujours, in working process. Je me retrouve dans les limbes, entre deux contrées, deux langues, perdue dans le maquis où, tel un Sherlock Holmes à la jambe cassée, je chercherai en vain des traces, des preuves, qu’un jour, oui un jour, j’ai eu un cerveau et du vocabulaire. Tout a disparu.
Vous savez qu’il y a certains mots que je n’emploie maintenant que très rarement (assurément, s’il vous plait, je vais te montrer de quel bois je me chauffe etc…), non pour faire un effet ou par radinerie mais juste parce qu’ils ont disparu de mon ordinateur interne. Seule la radio ou les magasines, me replongent dans une strate plus évoluée, plus recherchée de la langue française. Celle-ci reste très limitée aux ordres et remontrances que l’on fait aux enfants. Le reste de ma vie est en anglais. L’autre jour, j’ai lu le mot « lisse ». Ça m’a fait presque des picotements. Je ne l’utilise guère plus et ça m’a fait tout drôle de le lire. C’était comme de retrouver un vieil ami de longue date. Oh mon petit lisse !!!

Alors, qui peut me comprendre ?
Jean-Claude.

Au cours de mes recherches, j’ai vu qu’il avait fait un film récemment : JCVDM. Malheureusement pour lui, j’ai vu l’émission Striptease il y a  quelques années et franchement  ça  m’a suffi pour les films sur les Belges. Un vieux monsieur  essayait de mettre en route son ordinateur  Tobisha devant un journaliste impassible. J’en ai presque pleuré tellement, j’avais envie de les aider, lui et sa femme.  Alors un film sur J-C qui parle de son retour en Belgique comme Jean Valjean qui revient de Cayenne? Non, je risquerai de lui faire un don d’argent.

Ah lala.

Jean-Claude et moi parlons le franglais parfaitement. Ça m’emmerde hein, mais soudain je compatis, parce que c’est difficile quand on est fatigué de distinguer les deux langues au moment de parler. Le cerveau  fait des sélections sans vraiment nous consulter. Des fois, il dit qu’il est aware. Bah, moi je sais exactement ce qu’il entend par là, mon mind. Et Jean-Claude aussi. Ce que je fais souvent au téléphone avec mes potes c’est “well…you know” quelle conne! Je ne suis pas sûre qu’ils entendent vraiment (prions ici), ça sonne comme une onomatopée ou une éructation, qu’il m’arrive de temps à autre, comme Jean-Claude si je me souviens bien, de pratiquer. Mais jamais au téléphone, malheureux ! Non, vraiment, c’est pas évident.
Au tout début je faisais vraiment un effort, quitte à parler lentement pour réfléchir à quel mot choisir. Français ? Anglais ? Quel tiroir ouvrir ? Maintenant, paresseuse et surtout moins avide de reconnaissance et de respect de la part des Angliches, ça me passe au-dessus de la pastèque et du coup, voilou, en un (degré de séparation), je peux être l’amie de Van Damme.

C’est un peu mon mea culpa aujourd’hui. C’est inévitable d’en arriver là, de dire aware .Prions à nouveau, fort cette fois, pour que je ne tombe pas dans le ridicule d’ici quelques années à parler français avec un accent anglais ou, pire, que je sois amnésique de ma vie de Française. Le remède à cette frustration est l’écriture. Le blog, c’est ici que je peux m’exprimer librement et, chers lecteurs, c’est une très bonne raison pour ne jamais m’arrêter. Je revis, je sors de mon carcan pour laisser libre cours à mes pensée et mes humeurs et même s’il n’y avait  personne qui lisait ou que J-C, je n’arrêterai pas. C’est le seul moment de mes journées où  je parle correctement.




Un grand merci à Antony Huchette que l'on peut retrouver sur son site et son blog et dont le style me parle particulièrement. Merci Antony, je vois que tu as percé à jour, comme moi, le cerveau de Jean-Claude.
www.antonyhuchette.com 
www.antonyhuchette.tumblr.com
Et son livre qui sortira cet été aussi Brooklyn Quesadillas 




mardi 22 janvier 2013

Londres sous la neige


Il neige aujourd’hui et c’est beau comme le pelage d’un tigre blanc du Bengale. L’ennui, c’est que toutes les écoles de Londres ferment et qu’ils nous renvoient nos gamins plus tôt que d’habitude, qui est en soi toujours trop tôt. Du coup les toits enneigés vu du bureau, c’est de l’histoire ancienne. Je dis juste au passage, à Messieurs, Mesdames du ministère de l’éducation anglaise, que je n’aimerais pas les voir en Sibérie, hein ? Trois flocons de neige et on ferme la boutique ? Vous pouvez pas faire un gros goûter,  des batailles de boules et bonhommes de neige ? Non, c’est bibi qui va s’y coller, la carotte et les bâtons, c’est moi qui vais les chercher dans le froid, avec la goutte au nez et ma conjonctivite.


Le malheur frappe toujours deux fois au 128 (chez moi). En plus d’avoir aujourd’hui mes trois enfants in the house, j’ai les yeux mi clos et des larmes aqueuses qui collent mes paupières. Ce matin en me réveillant, je ne pouvais pas les ouvrir. Comme ça ne m’était jamais arrivé, je pensais rêver que je me noyais dans des fonds marins très profonds. A tâtons, j’ai nagé jusqu'à la salle de bains et  à travers mes cils collés, j’ai découvert un œil au beurre noir et l’autre complètement rouge comme si j’avais fumé des pétards par les yeux ou que j’avais la myxomatose.

C’est même pas la peine de penser à la séance maquillage, coiffage, gommage, ce sera Droopy pour toute la journée. Je vais rester en jogging alors. J’ai pourtant emmené Rosie à l’école, comme ça, avec mes cocards et ma mine défaite. C’était une première. Je fais un vœu. Comme il a neigé, j’ai un peu misé sur l’effet brouillard. Les gens étant pressés, il faisait froid, la neige mélangée au blizzard qui saisit les jambes, personne n’a vraiment eu le temps, de se dire bonjour. Ça m’arrange.  Vive la neige finalement. J’ai une réputation ici, je suis la Française classe alors c’est pas une conjonctivite qui va me foutre en l’air des années de travail. Une seule mère m’a regardé dans les yeux. Mais je la compte pas, car il y a un précédent avec elle. Je l’ai regardé en retour, en pensant « J’avais pas le choix. T’aurais fait quoi, toi, à ma place, Madame Vuitton (à cause de son sac) ? ». J’espère qu’elle a bien compris le message.
Aujourd’hui, c’est noir donc. Sous mes yeux et dans les siens. La seule fois, où il y a eu un rapprochement sociale, c’est quand elle s’occupait du stand pour la fête de la nourriture du monde à la crèche de ma fille, il y a de ça, deux ans. Nous étions six mamans et nous devions faire des plats typiques de notre pays. Je me suis portée volontaire. C’était une erreur. J’avais pensé à des macarons d’abord, ça me faisait envie, puis j’ai pensé à les acheter et finalement j’ai fais autrement : un gâteau au yaourt. Les enfants adorent. Un peu cheftaine sur les bords, cette maman Vuitton nous expliquait tout comme si on était des demeurés. Ou bien, comme on était toutes étrangères, elle croyait qu’il fallait nous parler fort et lentement. J’avais pas voté pour que ce soit elle la commandante, je la trouvais un peu hystérique.


Elle prenait son nouveau job très à cœur, il n’y avait pas de place du tout pour l’humour dans ses briefings. Forcément, si on rigole pas un peu, moi au bout de cinq minutes, désolée mais, je décroche. Je fais ça souvent quand je m’ennuie. C’est pour me protéger des êtres humains, des ondes négatives, de l’ennui. Pour que surtout, ça ne m’atteigne pas. Je pars dans un monde imaginaire où les gens sont gentils et où il y a des bons gâteaux. Mais je souriais toujours, je suis partie sans partir. Seule mon esprit était absent. Je me disais qu’après tout, il fallait juste arranger les tables joliment  avec les plats internationales que tout le monde avaient préparés depuis leur cuisine londonienne, une chaise pour tout le monde, et allez, Bob’s your uncle, comme ils disent ici. Bref, je divaguais un peu, mais mes chaussures étaient trop serrées alors je me suis baissée pour refaire mes lacets. Plus souples cette fois. Oui, c’était mieux, oh ça faisait du bien. Y’avait pas besoin de le signaler, ni de demander la permission à Madame Vuitton. Pourtant en me relevant, j’ai senti un léger malaise. Je ne m’y suis pas attardée non plus, je suis habituée aux malaises sociaux, rapports à la langue et tous ces gens venus des quatre coins du monde, je ne reconnais plus automatiquement les signes. Bref, la journée a continué normalement, j’ai vendu toutes les quiches lorraine que je n’avais pas faites. Assise sur ma chaise en toile avec des miettes sur mon pull (j’aime pas les quiches lorraines, mais j’ai adoré les dumplings et sushis du stand japonais) (je me suis fait une copine : Akiko).

La vie a suivi son cours jusqu'à ce qu’arrive la gazette locale dans ma boite aux lettres, quelques mois après cet évènement culinaire.  Je l’ai parcouru car il y a toujours une photo de quelqu’un que je connais, parfois mes enfants, puisque ça concerne ma communauté. Et puis les cancans locaux. Alors, j’ai vu un article sur cette journée de cuisine internationale. Accompagnée d’une photo (z’ont pris une photo ?) des supères mamans qui ont participé fièrement et ont sué sang et eau pour vendre des quiches afin de récolter des fonds pour la crèche de ma fille. Un, deux, trois…quatre, Madame Vuitton…et c’est tout. Je n’y suis pas. Je ne suis pas sur la photo. Ah bon ?

Ça va, j’ai compris. J’ai bien compris même. Fallait écouter et pas faire ces lacets. Des histoires comme ça, j’en ai des dizaines dans ma vie. Mais de là, à me lancer des éclairs et pas au chocolat, à chaque fois qu’on se croise, il y a un monde Madame Vuitton.


Merci a mon fils adoré, Oscar, pour ses belles aquarelles qu'il a faites hier soir.






mardi 15 janvier 2013

Les janviers difficiles


Janvier bat son plein et je ne sais toujours pas quelles résolutions 2013 choisir. D’habitude je suis assez rapide, minuit, pouf pouf, la bise et la to do liste à l’arrière de mon jean sur un bout de papier plié en quatre. Ça commence toujours par : « je jure sur la tête de ma mère que je ne mangerai plus de camembert avant le dîner » (parce qu’on ne mange pas avant de manger), que je ne boirai qu’un verre de vin par soir et non 5 ou 8 comme en cette fin d’année et cetera ». Mais cette année, je bloque. Je suis bien trop jeune pour avoir réaliser tous mes vœux et toutes mes résolutions. J’irai plutôt voir du côté de  mes deux trois problèmes récurrents et au lieu de procrastiner, il faudrait vraiment que je les résolve avant les 31 décembre. Place au traitement de fond ! Alors, le camembert, est malheureusement obligé d’être en haut de mon top 5. Mais qui c’est que ça emmerde réellement, à part moi, quand j’essaie mon jean taille 38 qui me fait deux rangées de bourrelets - pour bien me retenir si je tombe à la renverse du Titanic, un jour. En règle générale, je suis trop occupée à essayer de me rappeler tout ce que je dois faire pour penser à ma ligne (ne pas oublier de sortir le camembert du frigo pour qu’il soit bien moelleux. Avant le souper). Mais c’est l’autre jour en France, chez mon père, à la téloche, que j’ai vu un mini sketch de Florence Foresti (again), où elle disait que c’était pas sa ligne qu’elle voulait retrouver mais celle de Melissa Theuriau, qui passait  par là  avec sa poussette, en se déhanchant du cheveu à tout va. Et au ralenti. J’ai ri. Désolée. Enfin, pour être exacte, j’ai ri jaune car une toute petite voix au fond de moi a dit « moi aussi ».
Je me suis même retournée pour m’assurer que personne n’avait rien entendu. Pas de danger mon père était encore en train de soliloquer, regardant son vin ou ses figurines napoléoniennes, se plaignant que ça n’intéressait jamais personne dans cette famille d’ignares. Bah non p’pa, je regarde Foresti et c’est bien plus divertissant que le grand Schtroumpf et Napoléon penchés sur baby Jésus, secondés par l’âne et la vache dans ta crèche. Il a perdu les santons.


Quoiqu’il en soit, j’ai eu un flash très prégnant. J’avais Foresti en face de moi avec son corps de petit oiseau qui fait du rameur tous les matins et se plaint d’avoir 400 grammes en trop. Et moi. Moi, qui devient l’ombre de moi-même. Moi qui ai laissé tomber me. Moi et mon verre de rouge, sali par mes  empreintes de doigts à force de me resservir du Château Cantenac 2008, sélection Madame. Entre le pantalon et le t-shirt ? Un bourrelet. Celui de décembre. Le tout affalé sur le canap. C’est pas beau. J’ai un petit frère en Amérique qui s’appelle Homer et qui aime les beignets. Et ces petites voix, celle de la poissonnière et celle qui sent bon le Timotei camomille de Melissa, qui me disent, « toi, ma Marie, si tu veux aussi cette ligne, va falloir me reposer ton vino et commencer presto les pompes et les abdos. Faut penser Jane Fonda maintenant ».

En plus, j’avais d’autres vœux qui me tenaillaient depuis mi décembre et j’avais hâte d’être au 1er janvier pour pouvoir enfin les exaucer. Et entre nous, quand on ne fait pas la liste des bonnes résolutions, on se sent tout vide, avec le mauvais goût d’être toujours dans l’année précédente. Donc, faites en une vite fait à  minuit moins cinq, n’importe quoi, comme heu…. je serai plus gentille avec le chien de ma voisine Paddie, je ne pousserai plus le linge sale du haut des escaliers, je ferai moins de bruit en mangeant , ça c’est pour Rosie, la liste n’est pas exhaustive…heu… je donnerai plus de £1 au monsieur qui vend le Big Issue (journal des sans-abris), car il coûte £3, je ne mangerai plus de chocolat avec des noisettes mais que des noisettes etc… j’en ai plein d’autres, contactez moi pour des idées.

Revenons à nos moutons, j’ai un réel problème. Ce régime, je dois le faire de toute façon, mais suis-je obligée de le faire en janvier ? Ça peut pas attendre février ? Bon, en mars j’ai 40 ans, j’aimerais être au top de ma forme et prouver au monde entier et surtout à Sandrine Fougères, qu’à vingt, trente ou quarante ans, je suis toujours la femme à abattre. J’assure, je suis jeune dans ma tête, sexy dans mon corps, et connectée au monde (comme Kevin Bacon ). Du coup, faudrait peut-être que je commence maintenant, non ? Le truc c’est que j’ai des choses bien plus altruistes que ça, à mettre en œuvre et je ne peux pas tout faire. Moi ou le bonheur des autres ? Selon une étude on est vraiment plus heureux quand on fait  des cadeaux aux autres qu’à soi. Je n’ai pas l’intention de dépenser un centime mais je veux, je sais pas… être plus….gentille ? Aider mon prochain, être plus disponible pour mes enfants et les gens.

Le souhait numéro 2 était de finir mon livre de chevet et c’est fait depuis 2012. Ce qui veut dire que numéro 3 « penser à moi d’abord » est maintenant en position numéro 2 et c’est mieux. C’est comme un signe du destin. Oui, je devrais me garder des moments pour moi plus souvent. Dorénavant, j’assumerai mes journées, je lirai en plein jour, je dormirai même, ou je ferai semblant, je regarderai le plafond juste pour défier la raison et l’ennui et j’apprendrai à dire merde à ce que pensent les autres de moi.

Je sais pas pourquoi je sens que c’est mon année, la consécration.


En d'autres mots, c’est pas simple de prendre de bonnes résolutions, c'est même trop astreignant pour commencer l'année, je vais garder mes petits bourrelets et apprendre à les aimer ; ils sont mignons, ma foi!








Merci à ma chère Elisabeth Hazard, reine des aquarelles.

mardi 8 janvier 2013

Chacun sa route


En septembre, Julie nous a quitté pour se consacrer à son nouveau business : la maroquinerie. Oui, elle voulait faire des sacs à l’effigie d’auteurs américains torturés mais néanmoins géniaux. En fait, j’apprends à l’instant que ce sont des sacs en toile bio.
Si j’étais un peu triste de la fin de notre collaboration, je me suis vite remise. C’est dans ma nature. Pas parce que j’avais trouvé  une liste longue comme mes deux bras et mes deux jambes de gens intéressés pour travailler avec moi, mais parce que comme une maman poule veillerait sur ses petits poussins, j’étais heureuse qu’elle vole de ses propres ailes. Elle partait vers de nouveaux horizons. Elle s’ennuierait c’est sûr, elle serait seule c’est sûr, plus personne pour lui faire des blagues, plus d’émulation, de buzz, de compliments gratuits « ah oui, bien, ton dessin de Rosie, le meilleur que tu aies fait, vraiment qu’est ce que tu dessines bien, je le disais encore l’autre jour à Chantal (la copine de ma mère). T’es très douée, ton crayon s’affine et ton style avec..etc….etc ». Non, fini tout ça, Julie.
Elle entendra les mouches voler à la place ou son mec faire « Rholalala ! ».
Mais elle se réalisait enfin. Et ça, ça n’avait pas de prix.

Entre nous, je me suis aussi rendue compte que de ne plus être sous son influence me permettait enfin de parler de sujets qui me tenaient à cœur comme, pour n’en citer qu’un, les chevaux. Elle n’était pas trop branchée animaux encore moins équidés. Un monde nouveau s’offrait à moi et pleins de possibilités, plus une multitude de rencontres.

On ouvrait un nouveau chapitre dans notre vie que je commençais par une mini dépression. Non, je rigole Julie. C’était pas à ce point là. Je ne savais pas quoi faire en septembre, quand et si je reprenais mon blog que j’avais laissé tomber après la naissance de George. Trois enfants et mes kilos en trop m’empêchaient de faire les choses légèrement. C’était plus lourd qu’un boulet, c’était deux boulets. Un à chaque jambe.
Je faisais partie de la catégorie famille nombreuse maintenant et je le ressentais. Tout prenait des proportions compliquées. Tout était effort. Il nous fallait un mini bus pour nous déplacer. Comme à la cantine, je faisais deux services pour les repas et puis on ferme. Pour le coucher aussi. Restait pas grand chose pour les adultes le soir, juste un bout de canapé pour s’affaler et s’endormir devant Homeland. Quelle vie. J’ai raté toutes les fins de cette série, je ne sais donc pas qui est Carrie ni si Brody est bel et bien un terroriste. Je me demande pourquoi je l’ai regardée tout court. Du coup, il ne restait plus vraiment d’heures de libre pour faire du nordinateur comme dirait Rosie. Il fallait d’abord que je me remette de mes émotions, que je profite de mon bébé et retrouve mon cerveau d’avant George. Une femme enceinte ou qui vient d’accoucher c’est un peu comme Annie Cordy sans ce qu’il y a sous son grand chapeau.
Il y a concrètement des réajustements neurologiques à faire, et moi en particulier, c’était inquiétant. Je me suis toujours cru vive et alerte, plus rapide que les autres à comprendre les choses. Je ne vous en ai jamais parlé car je n’aime pas me vanter mais j’ai un QI de 131. Voilà, c’est dit. On est cinq à le savoir. Et à s’en rappeler. Mais depuis un an maintenant, il a dû baisser un peu ce quotient car il n’y avait plus personne aux commandes de mon bateau, que du vent dans les voiles. Beaucoup de vent. Je n’ai jamais été aussi maladroite qu’en étant enceinte. J’ai eu trois mini accidents de voitures : rétroviseur explosé - volé en éclats que ça pourrait compter pour deux accidents - peinture égratignée sur ma voiture et sur une autre garée dans un parking, écureuil déjà mort aplati, etc… Mais ça reste mineur hein, il n’y a eu personne de renversé, pas de tonneaux non plus, ça va, ne me regardez pas comme ça ! En vingt ans de carrière, je n’ai jamais eu d‘accident, pas la peine de toucher du bois, c’est un don. Tout ça pour dire que ça semblait  impensable de reprendre mon blog dans mon état. Non, c’est vraiment au bout de six mois que j’ai eu envie de relancer le "bousin" (mot suggéré par un ami proche). Julie était déjà à fond sur son nouveau projet, son enthousiasme me donnait envie.

Ceci dit, je m’inquiétais pour elle. Des sacs ? Qu’est-ce qu’elle entendait par des sacs.
Pendant ce temps-là, j’étais seule à mon bureau, cherchant l’inspiration, la trouvant et puis je me disais, ah ! Si Julie était là, je prendrais mon téléphone, lui demanderais de me rappeler, parce qu’elle payait pas, et lui lirais le paragraphe dont j’étais fière. Et elle me répondrait « mais Marie, quel génie, tu es si créative, et pleine d’esprit, vraiment, on devrait faire un livre de tes histoires ! ».

En fait, c’est moi qui entends les mouches voler et mon mari qui dit « God dammit, fuck this place ! »

On s’entraidait vachement vous savez, c’était le soutien, la solidarité, que dis-je, l’AMITIÉ. J’hésitais jamais à lui dire que son art était beau comme du Picasso. Mais, elle m’avait demandé de dire plutôt du Edward Bunker à qui on aurait donné un BIC. Elle anticipait déjà la collection des « Writers ».
C’était pas évident notre association, parce que la Julie, vous voyez, elle aime bien briller. Pour vous donnez un exemple, dans les soirées, elle est plutôt du genre à pousser tout le monde hors de la piste de danse pour nous  faire des freeze à répétition (nom masculin – (mot anglo-américain) : positions statiques de break-dance sur une ou plusieurs parties du corps. Le freeze peut aller de la position élémentaire du baby freeze à celles les plus évoluées, alliant souplesse et inventivité comme les planches hollowback.) 


Tout ça parce qu’un certain Romain a eu l’audace en juin 2003 de faire le poirier pendant 6 minutes 32 et que elle, shame on her,  n’a pas pu le faire. Le lendemain, elle était inscrite à des cours de break dance avec les gamins de la cité. Julie faut pas la chercher. On peut dire qu’elle aime bien la lumière et que lorsque je lui ai proposé d’illustrer mon blog, je savais qu’elle serait au deuxième plan, qu’on allait parler de moi, de moi et encore de moi ; qu’elle serait obligée de me dessiner sous toutes les coutures, avec mes enfants, mon mec etc… et qu’elle pouvait très bien en avoir ras la pastèque d’être le second couteau. Elle pouvait un jour me glisser, ni vu ni connu, l’illustration de son fils Gaspar en train de faire de la capoeira, parce que vraiment je n’en parlais pas beaucoup et que c’est vrai qu’il est très beau son gamin. Son humilité m’a surprise et n’avait d’égale que son sérieux et son dévouement. J’ai dû la tirer du lit la première semaine mais elle était là avant moi tous les lundis du reste de l’année, à fond comme si c’était son avenir qui en dépendait, comme si c’était son blog. C’était son blog d’ailleurs.
Ne pleurez pas Jeannette, c’était juste pour dire tout le mal que je pensais d’elle. Je suis très heureuse de voir que non seulement aujourd’hui elle fait une carrière solo mais qu’en plus, le succès est au rendez-vous.

Cette nouvelle situation, m’a fait découvrir des talents merveilleux parmi mes amis. Et les amis de mes amis. Mais j’avais toujours besoin d’un retour de Julie qui connaissait si bien Marie me et moi. Marie et moi. On est deux. Moi et je. Qui allait me dire « ah ! Tu sais que j’aime pas les pléonasmes, hein ! » Alors, j’ai pris mon téléphone et j’ai dit « Julie pas la peine de me rappeler, je paierai cette fois, peux-tu laisser ta machine à coudre et tes lunettes pour voir de près et me relire. J’ai besoin de ton avis, de ta grammaire et puis dis moi si c’est drôle ou pas. J’aime pas quand c’est pas drôle ». C’est vrai que l’esprit initial du blog a un peu disparu au grand dam de certains. Mais je suis toujours là, moi.

En fait, j’ai compris que Julie dessinait sur des sacs en toile et qu’elle ne les faisait pas elle-même. Pfff, la pauvre, je l’imaginais dans son petit atelier, toute courbée, avec des lunettes, en cousant à la main, elle n’aurait pas assez d’argent pour une machine à coudre, ou finir son quatrième sac pour décembre. Elle avait du temps alors pour me relire. Si aujourd’hui je parle d’elle, c’est avec  beaucoup de fierté. Elle vient de lancer une ligne de sac so classe et so réussie. Je vous joins ce lien, vous pourrez y trouver ses œuvres si ça vous dit d’être hype en 2013.

Bon chance Julie ! Bon année.
















Julie Marthe Yvonne sur Facebook





Et puis un gros poutou au grand, au génial, au merveilleux ami de qualité,  Cédric Hazard pour ses illustrations so funny