mercredi 20 mars 2013

Show time!



Vous avez les Césars, nous avons les Bafta seulement ici au 128, on a regardé les Oscars. On sait que ce n’est qu’un barnum superficiel, du strass, de l’auto publicité, des tapes hypocrites dans le dos. Ça ne nous a pas échappé que ce n’est pas une cérémonie où l’on célèbre l’art mais une excuse pour nous en mettre plein la vue à coup d’habits de princesses et de marques de luxe. Ils se remettent des trophées pour des films grand public, tout le monde est beau et gentil et ne dit pas un mot plus haut que l’autre, bref, ça fait vomir. On est au courant, ça revient au même que de regarder Big Brother. Ils sont dans leur cage dorée et nous on mate. Mais c’est bon pour les yeux, c’est recommandé par la santé publique de se rêver en starlette du dimanche en regardant le défilé de belles robes et de coiffures extravagantes ; et puis on aime le cinéma dans les grandes largeurs alors pourquoi ne pas regarder cet évènement.


Alors voilà, on l’a enregistré  et au petit matin pour le biberon de George, Rosie qui s’est levée tôt aussi, et moi, bah, on se le regarde. Moi, en jogging et vieux pull informe et elle multivitaminée comme un jus de fruits avec ses feutres greffés à chaque doigt ; elle croque chaque apparition d’acteur. Elle a la gâchette facile, elle dessine comme elle respire.
Attendez, retour en arrière, je reviens sur le pull. Un jour Pip m’a dit « si tu le mets encore une fois, je te quitte ! » J’ai trouvé que c’était un peu fort de café. C’était injuste parce que je l’adore ce pull, c’est celui que je mets le matin au réveil, celui du petit déjeuner, celui de la routine, c’est mon nin-nin. Bref, c’était gratuit, inattendu et cruel. D’autre part, on ne donne pas d’ultimatum comme ça, sur les habits du matin. Je me change après, c’est pas ma tenue normale, faut être un peu ouvert d’esprit.
Mais, ça m’a fait réfléchir cette petite remarque désobligeante. Pourquoi n’aime-t-il pas ce pull ? Recherche rapide dans mon ordinateur interne. Voilà, ce que j’ai trouvé : souvent les matins, il part au boulot avant tout le monde et c’est la dernière image qu’il a de moi, une fois la porte claquée. Ça énerve tout le monde mais il claque la porte. Moi, en pyjama et pull informe. Il emporte ce petit pola trop mimi, incrusté dans ses yeux avec des cœurs partout, de moi, en pull patate. Et parfois, s’il rentre tard, je l’ai encore ce pull parce que sur le canap à regarder Downton Abbey, on est mieux en pull.

N’allons pas plus loin, le souci réside ici. Mais le mécréant oublie qu’entre le lever du soleil et son coucher, je suis une bombasse. Après la douche et le brushing américain, les 100 coups de brosse, la palette de maquillage, je suis une autre. Vous devriez me voir à l’école quand j’amène Rosie ! Toutes les mamans me regardent de haut en bas, on appelle ça le « check out » et puis les papas, c’est plus discret, du coin de l’œil mais c’est là, je le sens comme des petits messages volants qui disent « waouh, elle est trop belle la mère de Rosie ! ».
Je mets toujours cinq dix minutes à  rassembler mes esprits après cet instant charme et quand je rentre chez moi , je me dis que mon devoir est fait, je peux remettre mon pull parce qu’on s’y sent tellement bien, c’est comme une deuxième peau.

Ouh, voici le tapis rouge, une lilliputienne qui présente l’arrivée des stars et parle avec une voix qu’on a envie de lui mettre une tape derrière de la tête pour qu’elle se taise. 

Arrive ensuite Catherine Zeta-Jones ou Hillary Swank, c’est pareil, en belle robe rouge qui traine sur deux mètres. Dis quelque chose au micro.

Peut-être qu’au moins pour les Oscars je devrais me changer et faire un geste ? Honorer la cérémonie et l’effort que tous ces gens merveilleux ont mis dans la sape. Le pull, je l’enlève ? De toute façon, George vient de vomir dessus.

Attention, je m’insurge. D’où sortent ces fashion police qui ne ressemblent à rien et se permettent de commenter cruellement les fringues des stars, en direct, là, sur le tapis rouge, sans vergogne. « Helena Boham-Carter ? Oh my god, sa robe noire et blanche genre gothique, non, vraiment, ça va pas…mais en même temps à quoi peut on s’attendre d’elle !? ». Han, j’ai trop envie d’écrire à la police de Los Angeles ou à l’Académie des Oscars pour rapporter ces médisances. Il faut signaler les injustices. La politesse bordel ! Elle devrait plutôt parler des rideaux de la grand-mère d’Amanda Siegfried ! Quand elle va voir qu’elle en a faire une robe, a va pas être contente mamie Siegfried ! C’est pas humain de dire du mal des gens comme ça. Heureusement qu’on ne ressemble pas toutes à Heidi Klum – même pas actrice, qu’est-ce qu’elle fait ici - bonjour, le niveau alors, on parlerait de maquillage et de notre dernier parfum qui vient de sortir et de notre super beau corps toute la journée ? Faut-t-il te dire (je parle à cette dame qui critique la robe d’Helena Bonham-Carter) que même sur la planète Hollywood, il arrive  d’être beau et plus petit que Charlize Theron, plus grosse qu’Anne Hathaway (qui soit dit en passant a mis le tablier de forgeron de son papa pour cette occasion) et tu dis rien hein ?

Passons.

Rosie nous présente Quvenzhane Wallis la petite fille des Bêtes du sud sauvage, venue avec son sac chien, rapport qu’elle a juste 8 ans et qu’elle a droit à toutes les excentricités et les fautes de goût qu’elle veut : c’est une enfant. Qui devrait être au lit. Rosie a cru que c’était son vrai chien ou bien elle a confondu avec la mère de Bradley Cooper venu avec un petit boléro poilu blanc, vous m’en direz des nouvelles.

Arrive Harry Potter, himself, que Rosie a reconnu de suite et m’a demandé ou étaient ses lunettes. Tiens, bing, les voilà !
Et m’a dit « Ah mais maman, c’est Harry Potter ! Je savais pas que c’était un acteur, fallait me dire ! »

Là, avec l’oscar, ça peut être Ang Lee ou Daniel Day Lewis… Je suis assez fière de Rosie qui encore une fois a su capturer l’essentiel du moment. Les couleurs, le faste la démesure, l’ennui.

A part Amy Adams et Naomi Watts qui sont mes chouchoutes de la soirée, c’était comme d’habitude. Heureusement que Jennifer Lawrence est tombée, elle a redonné un coté humain à ce show, et une très belle photo noir et blanc qui circule sur le net. La nausée m’a prise à la standing ovation de tout le casting des Misérables, venu chanter un extrait de cet insupportable film. Cantonnons nous aux robes, on ne fait de mal à personne au moins. Petite touche finale gaie : Jane Fonda, critiquée aussi par la policière de la mode. Jane, elle peut mettre ce qu’elle veut, elle a 70 ans et un corps de rêve. Vive le jaune d’ailleurs.

Mon Oscar termine avec une  sortie au vitriol au sujet du tapis volant dans le dessins animés de la Belle et la Bête quand ils dansent tous avec les tasses, et ben, il dit que même le tapis, il a plus d’expressions que Kirsten Stewart.

Salutations distinguées.



Merci a ma fille Rosie qui m'inspire tous les jours.



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire