mardi 5 mars 2013

En dansant la Javanaise...


La page blanche, ça arrive même aux bloggeurs. D’habitude capable d’être inspirée rien qu’au frottement des ailes d’un moucheron ou d’un rototo de George, je me retrouve cette semaine devant un réel manque d’inspiration. C’est la famine, le don’t know how, le goodbye Marylou et mes histoires sordides, l’ennui, l’envie de rien à part manger du chocolat 50 % plus de chocolat.

Et pourtant, il s’en passe des choses autour de moi. Une tornade d’énergie incontrôlable venant de mes enfants qui, hélas,  bougent sans arrêt – c’est le mouvement perpétuel - sautent jusqu'au plafond pour se faire entendre, dessinent sur des grandes feuilles de papier A3, crient pour que je les regarde, et finissent par trouver ma léthargie inhabituelle outrageante. J’ai mis un peu de musique dans ma tête parce que généralement ça me revigore. Mais pas aujourd’hui. Rien à faire, je reste stoïque et cafardeuse. Assise devant mon ordi pendant que Rosie regarde Edward aux mains d’argent, j’écoute en boucle le Bonnie and Clyde de Lulu Gainsbourg et de Scarlett Johansson. 

Cette chanson m’émeut et atteint une puissance céleste grâce à la voix de Scarlett. Mais, non, rien.  A part que maintenant, je me dis juste que, parfois, la nature fait bien les choses, elle met les bons seins et les bonnes têtes sur les bons derrières aux belles jambes comme elle a fait avec Scarlett. Non contente de réussir à en faire une jolie personne, elle lui a aussi mis la touche finale de la jolie voix grave qui peut chanter ; et quoi de plus sexy pour une femme voluptueuse que d’avoir une voix masculine ? (Parait qu’elle est conne). Ouais, j’aurais bien aimé avoir ses atouts gagnants quand même, j’aurai été encore plus supère qu’elle car je ne suis pas une diva capricieuse. Toujours pas un mot sur ma page. Après c’est Rufus Wainwright. Ah Rufus, tu me dis que tu t’en vas. J’ai envie de te dire ne me quitte pas mais ça serait une autre chanson. Toi aussi, Dame nature ne t’a pas épargné, en plus de ta belle gueule, tu as une jolie voix. Féminine ? C’est peut être la confusion des genres qui me plait. Les mots de Gainsbourg dans la bouche de Rufus m’arrachent des larmes, de mes yeux rougis par la fatigue car je me suis levée à 6 heures du mat. Mais lui, il pourrait me chanter la Marseillaise, que je pleurerai. On passe ensuite à Shane McGowan, et là un parfum de chips au vinaigre, de bière éventée et de pubs qui sentent le vieux pipi me passent sous le nez. J’adore. L’Angleterre, mon pays d’adoption. Espérons que je ne vais pas me faire un coup de nostalgie en plus d’avoir un peu le blues ce matin. Si son accent français est à couper au couteaux (à mon avis Lulu s’est mis à la phonétique pour cette chanson) et résonne plutôt comme si la reine d’Angleterre essayait d’imiter Jane Birkin avec trois patates chaudes dans la bouche et une gorgée d’Earl Grey refroidi, sa voix me réchauffe légèrement le cœur car elle me replonge dans des souvenirs heureux de mes années lycées.

Qu’est-ce que la couleur café évoque dans mes oreilles mal réveillées ? Bah ça va, ça passe, mon moral remonte légèrement la pente, je crois voir mon pied battre le rythme. Bon, de là à ce que je me lève et fasse un pas de samba, la main sur le ventre et les yeux fermés kiffant le Brésil, il y a un monde. Je suis toujours affalée sur mon fauteuil club défoncé qui n’est d’ailleurs pas à moi mais à mon beau frère. Il sait maintenant que c’était une erreur de nous le confier en attendant qu’il déménage pour un plus grand chez lui. Mes enfants l’ont dépouillé, plus de cuir, plus de coussins, juste la structure pour s’asseoir. Je l’avais prévenu, tant pis pour lui. Pendant que la chaude voix d’Iggy Pop me susurre les initiales de BB, je me demande vraiment pourquoi aujourd’hui dimanche, je me sens si misérable. 

Ça peut pas être à cause du mauvais temps, je suis habituée. J’aime bien les chœurs. Johnny et Vanessa ? Je ne peux pas, ça me rendrait encore plus triste, ils ont cassé y’a pas longtemps, c’est encore trop frais pour les entendre partager un moment aussi intime qu’un duo. L’histoire de princesse par excellence qui faisait fantasmer toutes les nanas de ma génération. Et quoi ? Vous confirmez la règle Monsieur Depp et Mademoiselle Paradis ? Les histoires d’amour finissent mal ? Non merci, je passe à la suivante. En plus que Johnny n’a pas une voix géniale et ce n’est pas le jour de tailler des costards à mes héros, ça risquerait de me ratatiner encore plus dans mon fauteuil. Lulu Gainsbourg, c’est lui la tête de choux, non ? Ma foi, sa voix est sympatoche. J’aimerais pas être le fils de Gainsbourg, bonjour la pression pour réussir, le fantôme de papa au-dessus de ma tête, l’héritage musical dans mes mains. Heureusement que je suis née de parents prof de gym et maçon. Moi, c’était la truelle dans les mains sur un trampoling. Dans mon cas, j’étais pas obligée de reprendre le business de papa ou la profession de maman. Fallait juste que je sois chirurgien ou avocat. Je m’en suis pas mal sortie je crois avec mon blog hein ! La chanson d'après, c’est du jazz et mes amis, moral ou pas, le jazz ne passera pas par moi, surtout s’il y a du saxophone qui me donne envie de pleurer comme un gros bébé en colère. Un pleure de rage, de « personne qui me comprend », ouin, ouin, j’aime pas le jazzzzzz et je ne supporterai le saxo que dans « Je marche seul » de Jean-Jacques Goldman.

Nous découvrons ensuite une sonate de piano dont les notes et leurs mots me transpercent comme des petites gouttes d’eau. Je n’entends que des océans d’oublis, de réunion pour la vie, le bourdon me guette, courons vite jusqu’au poinçonneur des lilas tsigane. Voilà ! C’est ça qu’il me fallait, de l’entrain, de la danse, du flamenco, du Grappelli,  mes deux jambes bougent en cadence, j’ai envie de me lever et de dire à la terre entière que c’est pas grave d’avoir des jours sans, que les jours avec, c’est les lendemains, que la vie ça va, ça vient, ça fait du bien. Amenez-moi, une plume, de l’encre, une chemise à jabot et un parchemin, que je revêts mon habit de bloggeuse, je sens que ça revient, je vais le faire mon requiem pour un con, ma chronique de génie.

L’un dans l’autre je ne regrette pas l’achat de cet album, je me sens ranimée, la musique m’a remis, peut-être pas tout à fait en mode «joie de vivre » mais au moins les yeux en face des trous ; et je vois ma jolie Rosie tombée pour ce pauvre Edward et ses mains d’argents, qu’elle dessine en même temps qu’elle regarde le film, et rien n’échappe à son coup de crayons pas même son regard triste.


PS : je n’ai pas mentionné la grande Marianne Faithful et ne vous en offusquez point. J’étais partie aux W.C et quand je suis revenue elle était partie. C’est la vie.


Emmanuel Bellegarde aux illustrations cette semaine. Merci Manu c'est HYPER gentil  surtout vue les circonstances.




2 commentaires:

  1. oh ben ça va pour une page blanche dis donc!
    du coup merci, car j'ai enfin écouté les albums de Lulu Gainsbourg, et c'était bien!
    Manu, je ne savais pas que tu t'adonnais aux coups de crayons, j'aurais pu m'en douter en voyant tes films scotchés au barnier, quel talent :-) j'ai hâte tu peux pas savoir!!
    la bise et bonne nuit <3

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