mardi 12 février 2013

Mon Larousse


Dans mon dictionnaire des synonymes, on peut trouver au mot « peur », la célèbre expression « avoir la colique ».

Et bien, je me permets d’intervenir et de préparer une lettre de contestation destinée aux auteurs de cet ouvrage « couronné par l’Académie française ». C’est pompeux mais ça ne me fait pas peur. J’ai beau perdre mon français et le mélanger avec des mots venants du monde entier, je sais très bien ce qu’est la colique. Elle peut certes, se déclarer dans un moment de terreur, de doute, d’angoisse mais on ne dira jamais dans cette situation « oh… j’ai la colique ! ».

Non, parce que si on me dit ça pendant que, par exemple, on est à Amityville, que le berger allemand hurle à la mort en nous montrant la fenêtre,  d’où je peux voir une tombe au fond du jardin qui, par Toutatis, bouge et, oui, une main d’outre tombe, c’est le cas de le dire, sort et fait des « Hâââââaaaaaaaaaa » et du sang gicle sur les carreaux des fenêtres etc… je vous laisse imaginer le décor. Si là, vous me dites: « j’ai la colique ! » je me verrai obligée de vous répondre trois choses :

·      « Allez au toilettes » réponse simple pour un état de fait simple.
·   « Ah vraiment ? Ça tombe sacrément mal, avez-vous vu Rintintin qui hurle à la lune et essaie de nous dire quelque chose, je crois.»
·      Ou simplement « vous choisissez bien votre moment, vous alors ! »

Mais tout ça, c’est si j’arrive à oublier une seconde les hurlements du chien, les meubles qui volent au dessus de moi dans cette chambre condamnée suite à la mort d’un enfant, que dis-je d’une famille entière, il y a de ça vingt ans, avant que je ne décide d’acheter cette satanée maison à Amityville. Quelle idée j’ai eu encore ! Tout ceci, pendant que je me demanderai, d’où sort ce long rifle, je ne porte pas d’arme, ah ces Américains ! Alors, vos gargouillis intestinaux me voleront au-dessus de la tête, avec les chaises. Je serai moi-même en train de faire dans mon slip, donc ça serait un peu comme un pléonasme.

Et puis, concrètement si j’étais vous - que c’était moi qui avait la colique - je pense que je dirai plutôt « j’ai les  chocottes, j’ai la trouille de ma vie, oh doux jésus, bordel de merde, dans quelle dimension suis-je ? Je croyais qu’Amytiville c’était un film !!! » et là peut-être, de terreur je relâcherai les muscles de mon sphincter et arriverait ce qui arriverait. Mais ça serait pas une colique. Et puis, je le garderai pour moi.

Bref, c’est impossible. On ne met pas « avoir la colique » en synonyme de peur. Peut-être dans le Vidal mais pas dans le Larousse. Franchement ! Ça me fait penser à ma grand-mère qui parlait de sa coulante. Ça ne peut être qu’une erreur de l’imprimeur qui avait des soucis ce jour-là.

Je suis en plein baby boum, le sujet est sensible. Je m’y connais un peu en colique. C’est le fruit d’une colique qui va me réveiller à 4h du mat. C’est le gargouillis d’une colique et les pleurs qui s’ensuivent qui provoquent chez moi une panique, à savoir si le bébé est malade, s’il est contagieux, si les autres enfants de la maison vont l’attraper, s’il souffre d’abord et ensuite combien de jours je vais être bloquée à la maison sans pouvoir rien faire. Je m’y connais, croyez moi. De la couleur, je peux dire si c’est sérieux ou pas, la fréquence aussi, bref on ne me la fait pas. La peur, en revanche, je m’y connais moins, je l’associe au loup, au désobéissant petit chaperon rouge qui me fait flipper à mort avec son panier et son incrédulité. Et indubitablement la peur de la mort et de l’au-delà que j’ai concrétisé sous la forme du film Amytiville*. Mais bon, je rappelle à tout le monde qu’on est ici pour rigoler, par conséquent la thématique sera plus joyeuse si on en revient à la colique. Ceci étant dit, je pense qu’on a fait le tour du sujet,  j’ai beau avoir grandi avec ce genre d’humeur que je maîtrise haut la main, je ne tiens pas à faire deux pages scatologiques.






*

     Film que je n’ai JAMAIS vu. C’est un aveu. L’histoire de ce film est la pire chose qui puisse m’arriver. Mon pire cauchemar. On me l’a racontée quand j’étais encore innocente et depuis, il symbolise mes terreurs nocturnes: les esprits, le diable, les enfants possédés (Damien, pareil), les bergers allemands, les années 70, les gens qui gardent les chambres intactes après la mort d’un être cher et pour finir, les tombes dans les jardins y compris, celles d’oiseaux. Ce film représente aussi toute une période de mon enfance insouciante remplie d’affection, de famille, de rires, de rêves d’enfants, de naïveté, de champs de colza, jusqu'à ce qu’un con ne se sente plus pisser de raconter à une petite fille, l’histoire de cette maison hantée. C’était un peu comme un passage forcé à l’âge adulte. Je passais de l’autre côté, le côté sombre, en un film que je ne verrai jamais. C’était se prendre un bus en pleine poire. Je n’avais jamais imaginé qu’il pouvait y avoir des gens malintentionnés, pas dans mon petit monde. J’ignorai qu’il y avait un autre côté, perverti par des esprits maléfiques et démoniaques. Ni même que George Michael pouvait être gay. (Pas qu’il soit maléfique non plus, hein !) Pourtant, il m’envoyait pleins de signaux, qu’à l’époque je n’étais pas prête à lire. Les grandes chaussettes blanches pour accessoiriser ce sublime short blanc sans parler de son brushing. Tout était là pour semer la confusion. Mais non, moi, je voulais me marier avec lui et je croyais qu’il avait écrit « I want your sex » en pensant à  moi et même que je me suis dit à l’époque « puré, il y va fort Michael !!!».

Ce n’est donc pas une vulgaire colique qui pourrait me faire peur, ni même le brushing de George.



Merci Roxanne Martinez pour tes illustrations sur un thème pas évident.





5 commentaires:

  1. Celine Paquet, peux-tu nous dire expliquer a tous nos amis comment tu fais pour laisser des commentaires. Apparemment c'est impossible ou difficile.

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  2. Marie, j'ai du te connaitre après ta période innocente car en CE1 tu étais la fille "cool" et d'avant-garde...

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  3. qui écoutait Thriller de Mickael Jackson etc...

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  4. Oui, CE1, 7 ans, c'est ca, je connaissais Amytiville 1, 2 et 3

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