mardi 27 mars 2012

Twist and Shout # 1

 Fiancée à Londres, mariée à Perpignan. La classe !

D’accord, Londres me donnait du fil à retordre mais, les Rosbifs et moi c’était une histoire qui roulait. On n’allait pas se laisser faire par cette grande ville qui essayait de me renvoyer dans mes contrées. Nous nous sommes fiancés avec Pip. Il m’avait dit plusieurs fois que, si je continuais comme ça, à être si charmante, il allait me demander en mariage. Comme une menace.
Bah, moi, j’ai continué.
On imaginait un avenir où l’on serait marié, avec plein d’enfants et où l’on vivrait dans un château, dans les collines près de Candy et de son prince des collines, Anthony. Enfin, moi, j’imaginais ça. Pip j’en sais rien. J’étais Martine passe un week-end à Londres et tombe amoureuse du Prince William tous les jours.
Donc arriva ce qu’il devait arriver. Il fit sa demande et je répondis : OUI ! OUI ! OUI !
L’affaire était dans le sac en deux minutes. Pas de tergiversation, hop hop hop, on s’achète des bagues à la date symbolique de la… je vous le donne en mille … St Valentin. Martine je vous dis, des vrais niais.

Dring dring !!!!!!

C’est Catoche à l’appareil. Bon, on lui dit qu’on est en pleines fiançailles ? Allez oui.
Ni une, ni deux, elle abandonne tout : boulot, Bruce Willis s’il vous plaît (pas content de se faire planter par la belle rousse) le Ritz et ses minis fours.
À l’époque son métier était de s’occuper de nos amis les stars et puis aussi, pour de vrai, elle est rousse.
La voilà, trémolos dans la voix, qui se pointe au bout de la rue, alors qu’on avait même pas raccroché le téléphone. Emue par la nouvelle, elle nous offre le champagne pour fêter ça, avec je crois, les larmes au yeux. Elle paraissait cependant un peu déçue de notre réaction. J’aurais dû lui dire : « Cathy, nous planons à cent mille, on est shooté de bonheur ».Parce que oui, on était comme des gamins qui voyaient leur poney violet préféré descendre de l’arc-en-ciel avec tous ses copains poneys ailés, et que tout d’un coup, ça faisait plein de poneys et trop d’amour à donner. 

 Une fois redescendue sur terre, je devais penser à l’organiser ce mariage. Moi, je rêvais d’un manoir anglais, perdu dans la campagne, aux jardins bien taillés et animaux de la ferme en liberté. Les hommes auraient des chapeaux hauts-de-forme et les demoiselles d’honneurs seraient hystériques en me voyant, sautant sur place et criant que je serais trop belle (on ne rigole pas, j’ai déjà vécu ça au mariage d’une amie). Lui, rêvait d’un mariage champêtre, dans le Sud de la France, sous un soleil écrasant, avec vin qui coule à flot, camembert et saucisson à profusion. Là, en fait j’ai dit oui. C’est l’effet camembert . 
On avait choisi un domaine viticole dans le Languedoc Roussillon près de chez ma mère. Je m’aperçus rapidement que, préparer son mariage, c’était vraiment un truc de nanas et que, Anglais ou pas, un homme voyait ça de loin et en parlait toujours en plissant les yeux. Comme si c’était compliqué et qu’il fallait se concentrer.


Juste pour la petite histoire, à l’époque, j’avais commencé un nouveau boulot, à hautes responsabilités, beaucoup plus exigeant, fatiguant et astreignant que ceux d’avant. J’étais l’assistante d’un couple qui évoluait dans… le show business. C’est bien, c’est vague et en même temps ça veut tout dire. Des marginaux aux goûts très acérés, qui prenaient des risques et aimaient la culture underground. Cette période de ma vie fut très intéressante. D’accord, vous voulez savoir.
Bon, par exemple, mon patron, aimait bien un petit verre le matin et même des fois, un petit l’après-midi. Alors, c’était bien pour les réunions : ça pouvait aller vite - sauf quand il s’endormait en plein milieu d’une phrase ou qu’il partait aux toilettes et que je le retrouvais au bar d’en face. Par contre, c’était terrible pour mes nerfs. Mes nouvelles responsabilités généraient un stress impressionnant et j’avais en plus un mariage sur les bras.

To be continued...







mardi 20 mars 2012

Ob-La-Di, Ob-La-Da !

 Je suis une Londonienne, Française, Ob-La-Di,  Ob-La-Da !

C’était pas parce que j’écoutais les Beatles à fond dans mon nouvel appart que j’étais une des leurs. Nous sommes toujours au début de mon aventure d’outre-Manche et j’étais toujours en quête de travail, d’amis et de traditions anglaises. Oui, je voulais faire comme eux, aller prendre mon sunday roast au pub du coin, lire le Times dans le tube et boire du thé que du thé, toutes les cinq minutes. 

Mon premier job m’a mise sur la bonne voie. Je bossais dans un magasin de jouets (les enfants, c’était mon rayon). Je me suis familiarisée avec le thé lors de nos pauses très fréquentes ; on a besoin de thé pour fonctionner normalement en Angleterre. J’ai  donc appris qu’il fallait verser le lait avant le thé. « Comme la Reine » qu’il disait, Simon, le chef de la boutique. A l’époque, j’étais plutôt café mais bon, y’avait que du thé alors je me suis pliée aux habitudes et puis ça faisait toujours un break. Aujourd’hui je suis accro au thé avec un nuage de lait, sans sucre, merci.
Mon père dit que ça fait pousser les dents de devant, qu’il faut que je fasse attention.

C’est grâce à ma belle-famille bien-aimée que je suis devenue experte en thé. Quoique, je n’arriverai jamais à la cheville de ma belle-mère, Linda. Oh my God ! Chez eux, c’était tous les jours à 17h00 (17h10 et on était en retard et de mauvaise humeur). On faisait chauffer l’eau, il fallait souvent être deux pour faire ça, on versait l’eau bouillante dans la théière puis on  la jetait dans l’évier. C’était un coup pour rien ? Non. C’était pour réchauffer la théière. Une fois le thé infusé, Earl Grey à la bergamote, mélangé à du Assam (beurk), on lui mettait sa robe de chambre, à la théière, pour que vraiment, ça refroidisse pas. C’était crucial, c’est même le secret d’un excellent thé,  NE PAS RE-FROI-DIR ! Mon chéri remarqua vite mon regard amusé d’étrangère et prit conscience du "drôlesque" de cette cérémonie.
Au bout d’une heure affairée dans la cuisine, Linda, fière comme une baronne, débarquait enfin avec son plateau dans le salon de la maison cossue, avec petites assiettes, biscuits, gâteaux, tasses et soucoupes. So british. Nous, on trépignait d’impatience, on avait soif depuis quarante-cinq minutes, on voulait notre goûter. Mais c’était sans compter l’épreuve finale du lait : 
- En veux-tu ? Tu aimes ton thé clair ? Foncé ? 
- ...  
- Oups sorry il est trop clair !
- Non, c’est très bien comme ça.
- Si si, je t’en rajoute.
- Non...
- Si.
- Non, ça va.
- Si.
- ... Okay.

Cela fait six ans que je bois mon thé comme elle le préfère. Pour aller plus vite. Parce que moi ce que j’aime, ce sont les biscuits de chez Marks & Spencer, pour tremper dans ma tasse. Ça m’a d’ailleurs valu des gros yeux et de longues explications les premières fois que j’ai fait trempette, car ici ça ne se fait pas. C’est malpoli. C’est même vulgaire. Moi, vulgaire, c’est le monde à l’envers ! Du coup au début, j’ai été gênée de les gêner et maintenant je fais exprès, pour les choquer un peu. Rebelle ! Et puis c’est tellement bon. Ils sont convaincus que c’est une habitude très française, ça passe mieux.


Je retiens donc de tout ça, que le thé de dix-sept  heures a lieu à dix-sept heures pétantes et est une vraie cérémonie, où l’on apprend la patience mais aussi à être ensemble. Et ça, c’est une tradition qui me plaît.

Tea for two and two for tea!











mardi 13 mars 2012

Help!

 
Je suis Française Londonienne, Londonienne Française, c’est pareil.

Allez, on commence bien la journée, je vais chez le docteur. Je vous emmène voir le GP (General Practitioner), nous avons rendez-vous avec Dr Carver, car pour ne rien vous cacher, j’avais souvent un pet de travers. Nous étions en hiver (et oui encore !) et le changement de pays, de rythme de vie, m’avait infligé un rhume/grippe/gastro carabiné. Un baptême on peut dire. De ma vie, je n’avais été dans cet état. Trois jours au lit sans bouger, fièvre de cheval, j’avais rendu tout mon quatre-heures et j’avais des douleurs stridentes dans les moindres recoins. Mon heure avait-elle sonné ? Mon gentil chéri s’inquiétait drôlement.

Je pense que grâce à ce rendez-vous là, j’ai compris l’Angleterre. Je savais enfin pourquoi les Anglais n’avaient pas froid et surtout pourquoi ils n’attrapaient pas de rhume. Ils n’allaient plus chez le docteur. C’était fini ce temps-là. Dans leur vie il y avait un avant et un après Dr Carver.

Je racontais donc au Docteur Carver, grand bonhomme un peu bossu, ce qui m’amenait. J’entrais dans les détails et puis de toute façon vue la tête que j’avais, je comptais sur lui pour lire entre les lignes et saisir l’ampleur des dégâts. Une fois ma tirade finie, j’attendis.
Verdict docteur?
Il réfléchit, prit son temps pendant que je priais pour ne pas avoir un virus plus sérieux que je n’imaginais. Il ouvrit la bouche… so… avez-vous pensé à prendre un bain chaud ? Quoi ? C’est à moi qu’il parlait ? Évidemment que j’étais propre! Et une aspirine ? Qu’il insistait. Je ne comprenais rien de ce qu’il me disait. Il avait fini, le voilà qui se levait pour m’indiquer la porte, l’air désolé, et ajoutait que vraiment, il avait fait tout ce qu’il pouvait, mais la vapeur d’eau, y’avait rien de mieux.

Alors lui, déjà, c’était fini, je ne lui parlais plus! Moi qui étais habituée à sortir d’une consultation avec au moins une ordonnance et à prendre mon médecin pour un confident, croire qu’il était la seule personne à me comprendre ; Docteur Carver, lui, il avait d’autres chats à fouetter. Il n'en avait rien à faire de mes balivernes. Ça venait bien de quelque part « médecin de famille », non? Je les connaissais les médicaments qu’il me fallait, j’avais juste besoin de sa signature sur l’ordonnance.

Ce fut un vrai choc, une révélation. J’en ai même fait un hiver sans rhume pour la peine. Je  ramenais par l’Eurostar des provisions de Doliprane et d’Aspégic nécessaires à ma survie. Docteur Carver… j’ai définitivement rompu avec lui après une autre consultation pour mon fiancé. Entre autres choses, Pip lui demandait conseil pour arrêter ses ronflements (si jeune et si beau). Ah, Môssieur Carver, il a été à la hauteur ce jour-là. Il lui a dit franco de port, sans sourire (j’ai bien regardé) qu’il fallait coudre un pot de yaourt au dos de son pyjama. J’écris plus gros? Bon, je vous traduis : comme ça, ça l’aurait gêné en dormant (pour sûr!), se serait retourné sur le côté et ne ronflerait plus. C’est simple et économique ! J’aurais dû demander à ma grand-mère, elle m’aurait dit pareil. Elle en connaissait un rayon sur les ronfleurs.
Heureusement que la consultation était gratuite. Bon, ceci dit, j’étais ravie que Pip vive ce moment. Il m’avait enfin comprise. Parce que ça suffisait de me dire que chez nous, en France, nos pharmacies ressemblaient à des confiseries et qu’on achetait toujours plus que ce dont on avait besoin. Que tout faisait envie même l’Anusol! On surconsommait et s’auto-médicamentait. Principe totalement étranger chez les Anglais. 
J’avais rien contre leur système, mais Dr Carver quand même faut pas pousser. MON MEC IL MET PAS DE PYJAMA!!!! 
Depuis je n’ai jamais été malade et je le dis sans toucher du bois. Mon corps a compris avant mon cerveau que c’était mauvais pour mes nerfs…







mardi 6 mars 2012

The streets of London

 
Je serais une Française à Londres, je le vaux bien, non?

Au bout d’un an de relation à distance et d’amour passionné, on a décidé que je viendrais vivre à Londres, pour être ensemble. J’ai tout plaqué : boulot, famille et amis. Adios muchachos, l’amour n’attend pas. Il ne m’a fallu qu’une seconde pour me décider. Était-ce trop court ? 

Hey, j’étais amoureuse !
Allez hop, valise sous un bras, gamin qui ne parle pas un mot d’anglais sous l’autre, j’ai suivi mon Englishman  en fermant les yeux. J’aurai mieux fait d’en garder un ouvert ce jour- là…même à moitié. Bonne à l’école en général, et surtout en anglais « Brian is in the kitchen » ; finger in the nose j’me disais ! Big Ben, la Tamise, la Tate Modern et the Queen n’avaient plus de secret pour moi. Après tous les séjours que j’avais faits à Londres, ça devait être facile.

Seulement voilà, une fois qu’Oscar était à l’école et mon mec au travail, je faisais quoi, moi, toute seule?
Je lave, je lave, je rince, je rince, tout était propre dans mon appartement. J’aimais réfléchir à une stratégie d’attaque. Pour envahir Londres? Non. Mais pour trouver un boulot, me faire des amis, démarrer une nouvelle vie, tout recommencer. Donc, allongée sur mon sofa, dans mon petit salon, avec cheminée comme j’en rêvais et fenêtres à guillotine, je rêvassais. Mais ça ne suffisait plus. Il fallait que je sorte de ma tanière et que j’affronte cette ville: LONDRES.


Allons donc voir si j’y suis, si l’Anglais est un vrai gentleman et si l’Anglaise boit du thé. Ma première expérience dans le bus fut un vrai fiasco. Incapable de me lever pour tirer sur le fil de la bobinette - pétrifiée de peur ! Si je sortais le soir, j’étais ivre en cinq minutes, pas à cause des bières mais du bruit. L’Anglais parle fort dans un pub. Avoir une simple conversation, devenait impossible alors que tout ce que je voulais, c’était me faire des copines et vite. Par contre, je suis devenue très forte pour lire sur les lèvres et en langage des signes. Oui, il est vrai que ma grand-mère avait déjà tenté de nous apprendre à tous, l’alphabet des sourds et muets, rapport à mon cousin qui l’était. Mais jamais je n’avais eu l’occasion de m’en servir, jusqu'à Londres.
Si j’en parle aujourd’hui à cœur ouvert c’est pour dire que mon intégration fut difficile. Les six premiers mois furent éprouvants, mais mon chéri se mettait en quatre  pour remédier à mes difficultés quotidiennes.
Nous étions toujours en pleine romance. Pourtant, je m’exténuais à trouver ma place dans son pays et lui s’y perdait lentement. Nous ne nous attendions pas à ces obstacles culturels et à nos changements de personnalités. On vivait d’amour et d’eau fraîche, on mangeait des nuages…

 

Pendant ce temps là, Oscar, après avoir été muet comme une carpe pendant trois mois dans sa nouvelle école anglaise, s’est réveillé un matin, bilingue ! Trois mois à se battre à la récré et il parlait mieux que « môua », si bonne en anglais !!!!! Mon fils !  Si c’était comme ça qu’on apprenait une langue. Damned ! J’étais pantoise. Jalouse aussi, ça mettait juste en valeur le fait que, moi, je ne progressais pas du tout, mais fallait ravaler sa fierté et féliciter son fils. Non, vraiment, quel soulagement, au moins un qui s’en sortait. Bravo Oscar.

 

Bon, l’avantage que j’avais sur d’autres, dans mon malheur, c’était d’avoir une « belle-famille » anglaise. Avec eux, je pouvais observer, tenter un peu d’humour et pratiquer mon anglais fabuleux. Ah, les beaux-parents… et le tea time comme dans les livres..

La leçon que j’en ai tirée, est qu’il ne faut pas trop compter sur ses acquis scolaires. Le mot du jour sera donc : Don’ t take everything for granted.