mardi 13 novembre 2012

There's a place in Kokomo


La semaine dernière, j’ai acheté le dvd de Cocktail pour £4. Tom Cruise à £4. Je passais devant ce rayon à la recherche d’un dictionnaire anglo-japonais pour Oscar et mon regard a croisé celui de Tom,  seul devant son zinc pour £4 seulement. J’ai eu une grosse bouffée de nostalgie en voyant la pochette. Et puis de la peine aussi pour Tom Cruise à £4.

Etrangement, c’était plus ma sœur qui était fan de Tom. J’avais jeté mon dévolu sur Rob Lowe. Youngblood, A propos d’hier soir… tant de chefs - d’œuvres pour un seul homme, ça fait mal aux bras. A l’époque, j’étais plus axée sur le physique que le talent. Encore aujourd’hui, mais c’est pour dire que j’ai commencé tôt. J’ai un peu laissé tomber sa carrière quand ses scandales sexuels ont éclatés ; mais je regrette maintenant. Je n’avais que quinze ans, je me suis sentie trahie et déshonorée, je ne pouvais plus sciemment dire que j’étais fan de lui sans me prendre des regards foudroyants et des quolibets.
Aujourd’hui je me dis juste qu’il était chaud comme la braise le Rob.

Bon, c’est la solitude, vous pensez, qui me chamboule les hormones. Le désert libidinal ? Je penche plutôt pour la vieillesse. Revoir Tom avec son brushing et le néon rose « Cocktail », c’était comme une grosse claque dans ma figure. Biing Marie, prends cette poêle en pleine face vieille bique ! Et vlan, je me retrouvais avec mon Teddy rose (blouson pas nounours) et mes cheveux court en brosse avec la queue de rat, chaque semaine amoureuse pour la vie d’un nouveau garçon. 

Découpant minutieusement des photos de Madonna et les collant sur mon plafond – les murs étaient déjà trop chargés, on ne pouvait plus respirer. Mes parents refusaient de rentrer dans ma chambre, ils trouvaient l’ambiance suffocante et me souhaitaient bonne nuit par le trou de la serrure. Trop groovy pour eux. J’étais dans ma bulle pop. Tom Cruise à £4 c’est pareil, ça me rappelle ma sœur dans la chambre d’à côté, qui découpait sa tête à l’infini. Michael Jackson aussi. Elle avait le poster géant au dessus de son lit qui ma foi faisait réellement flipper.  Mes parents devaient l’enlever tous les soirs, le sortir de sa chambre et le remettre au petit matin, car elle avait trop la trouille de Michael loup-garou-zombie époque Thriller. Etre dans le clan Madonna était plus sûr.

Oh attendez, la B.O me revient. Je ne suis pas musicienne, mais mélomane ; je sais reconnaître de la bonne musique, demandez à n’importe qui. Britney Spears, Madonna et Kool and the gang dans mes cassettes. J’entends les Beach Boys entonner « there’s a place called Kokomo… » et ça me plonge direct dans l’ambiance cocktail, l’ambiance love du film.

Il est juste là. Sur l’étagère, il m’attend. Avec qui vais-je le regarder? Seule ? Avec Oscar ? Pourquoi pas avec Pip pendant que vous y êtes ! Ça, c’est un coup à se faire quitter et à envoyer des lettres anonymes pour se moquer. Ne prenons pas ce risque. Cocktail est un film mièvre de seconde zone exclusivement réservé aux filles. J’ai soudain un peu peur de le revoir. Je ne veux pas être déçue et me dire que non seulement les années 80 - mes années à moi, ma jeunesse, mon insouciance - sont révolues mais qu’en plus elles sentent le mauvais goût et le bonbon pourri ; le Tom qui a tourné. Certaines vérités font mal : les pulls chauve-souris et les épaulettes, c’est fini et ringard et Tom ne sait pas faire les cocktails.

«  Kokomo…..hum hum oh…. sunshine !!! »

C’est la solitude, la peur de changer de décennie, d’avoir une nouvelle ride et les ailes de chauve-souris sous les bras à défaut du pull. Je ne fantasme pas du tout sur Tom. C’est le blues. Je traverse juste un moment pénible et au lieu de manger du chocolat aux amandes, je me tourne vers mes doux souvenirs d’enfance. J’ai comme un poids sur le cœur. La légèreté me manque. Ma vie actuelle est bien trop pesante : les factures, les enfants, les problèmes de couples, y’a plus de papier maman comment j ‘fais etc... Oh mazette, je préférais quand je découpais les magasines et chantais du Madonna en me disant qu’un jour, oh oui, je lui dirai combien je l’aime.

Pendant ce temps-là, Tom me regarde, accoudé à son bar, l’air de dire : «  Vous prendrez bien un p’tit verre darling, un coco loco, un Paris-Brest, I love you, you know? ». 

Avec sa main sur le comptoir, il me dit qu’ici c’est son bar, c’est son royaume, ses bouteilles et ses ombrelles en papier, on vient pas lui en raconter, ses cocktails il les fait comme il veut et si la petite blonde elle est pas contente, elle va chez Flunch. Il aurait pu être videur aussi. Il avait le choix, la carrure, le style. Mais c’aurait été un autre film.
Et bien moi tous ces messages, plus les subliminaux (pailles bleues sur le côtés donc cocktail sans alcool donc boissons pour mineurs donc pour moi à l’époque de ce film) ça me met le bourdon et pire qu’une chanson de Mike Brant, ça me fait ressasser le pourquoi du comment j’en suis arrivée ici alors que j’avais tellement d’espoir.
Il faut vraiment que je me trouve une occupation qui dure plus longtemps qu’une heure par jour parce que je broie du noir  alors que y’a pire ailleurs.



Vous voyez, là, maintenant, j’en prendrais bien un en fait. Tom ! Mon martini !





















Cette semaine Antonio Papaleo nous régale avec ses dessins. Un petit clic sur son nom et vous découvrirez pleins d'aventures sur son blog. MERCI Antonio!

2 commentaires:

  1. ah oui mince, kokomo c'est COCKTAIL, pas RAIN MAN. je confonds tout. Merci de me remettre les pendules à l'heure réulièrement.... ;)

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  2. Je suis la pour ca. Et te faire rire aussi.

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