mardi 6 novembre 2012


La bitch est morte, vive la biche !




Inspirant non ? Mais ce n’est pas de moi.


Dans la famille de Pip, je suis une biche. On est tous représentés par un animal. Comme un daemon pour ceux qui on lu Philip Pullman. Il se trouve que je suis une biche. Ma belle-mère a un jour rendu son verdict et choisi l’animal de chacun, même le vôtre. C’est l’experte. Bon, je me voyais plutôt en bel Appaloosa, la crinière au vent, le regard vif, la narine frétillante ; rapport à la passion de mon enfance. Mais Linda, elle m’a vu en bambi qui broute de l’herbe toute la journée et qui sursaute au moindre crissement de feuilles. Mais gracieux a-t-elle ajouté.

Je prends donc ces mots comme un signe. Allez ! Comme dans les années chinoises. C’est mon année.
Je le prends d’autant plus personnellement que j’ai aussi un côté un peu bitch. Et ça, elle a pas mis le doigt dessus la belle-mère. C’est presque un signe du destin, vous voyez.  On me dit que la biche est morte, ça me rassure. Je me sens plus légère d’un coup et prête à commettre de nouvelles  diableries. Ça doit se transmettre dans les gènes car Oscar ce matin m’a interloqué par son audace. En rangeant ses affaires, j’ai trouvé un t-shirt inconnu dans sa penderie. Je voulais savoir d’où il sortait.  Le T-shirt. Il ne savait pas, il réfléchissait. Puis il s’est rappelé que ce devait être à Bilal. Ou non à Kaito.
« Han… j’chais pu maman !!! ». Il m’a demandé si je l’aimais bien ce t-shirt. « Regarde ! » C’était un gros oiseau genre Titi (peut-être un angry bird ?). J’ai dit avec une moue « …mmm non pas trop » puis lui «  beh t’as qu’à le prendre sinon ? »
Sinon quoi ?
Ahlala les jeunes aujourd’hui ! Il voulait me donner le t-shirt de son pote ! Non de diou ! C’est bitch non ?

Meanwhile les semaines passaient à vitesse grand V. Mes activités périphériques me permettaient de supporter le quotidien et ma séparation. Je me forçais aussi à sortir. Ma baby-sitter ne me coûtait pas cher, ce n’était autre que Pip !
L’occasion fait le larron (j’avais du temps pour moi maintenant, autant en profiter non ?), je passais pas mal de week-ends sur Paris pour retrouver ma famille et mes amis, ceux qu’on a besoin de voir quand ça va pas. J’allais téter la gougoutte comme dirait Mamie Gorby sauf que moi là-bas c’était plutôt téter du goulot. Les nuits parisiennes me vampirisaient. J’étais un peu Dr Jekyll et son ombre ou un des deux Guetta (David je peux pas, donc Cathy ce sera) : la fête, la fête, la décadence, le bon goût, la bonne musique et champagne pour tout le monde !
Je rentrai le dimanche complètement retourné, parfois encore enivrée. Mais c’était bon de voir des amis, de danser, de rigoler. Et de trouver des épaules sur qui pleurer. Des fois des bras. Et de remettre ma panoplie de maman (pas fraîche) le dimanche soir à 19h00.
Le temps passait et les amis fêtaient leurs quarante ans. Encore plus d’excuses pour venir sur Paris. Je pouvais enfin parler librement sans réfléchir à la prononciation, juste déblatérer n’importe quoi, dire des mots en verlans ou en franglais, ma langue préf.  Grisée par la facilité de mes échanges, je  tentais même un « …c’est la fête du slip ici  ou quoi?!!!! » Silence (je rappelle que j’ai quitté la France en 2004). Bon apparemment on ne la dit plus cette expression.

La dernière fête en date était celle de mon ami Cédric. Je peux vous dire qu’on a mis le feu sur la piste et sur ma air guitar. Mais à nos âges, on paye pour s’être amusé autant. Les lendemains sont douloureux. Très difficile en fait. Ayant peu dormi et beaucoup bu (maman et tes copines : en fait je bois pas tant que ça, c’est juste pour faire drôle dans l’histoire), mon trajet Paris-Perpignan en train fut extrêmement pénible. Pour info, je récupérais  mes enfants chez ma mère. Cendrillon redevient souillon, moi, maman. Et ne vivant plus dans votre pays, chers amis, je n’étais plus habituée à la SNCF et ses promesses bidons. J’aurais          aimé qu’on m’avertisse sur l’IDtgv.
Sans me consulter IDtgv m’a réservé une place dans un carré convivial. Plusieurs ambiances étaient à disposition au moment de la réservation, mais personne ne m’en a parlé. En arrivant dans mon wagon, il n’y avait qu’un monsieur en face de moi qui m’a salué très poliment. J’ai répondu mmmbonjorur très doucement pour ne pas l’atteindre dans le visage avec mon haleine avinée (maman, si tu lis toujours, je n’ai pas de problèmes avec la   boisson). Assise, je  m’enfonçais dans mon écharpe et me préparais 
                                            à cinq heures de sommeil sans s’arrêter.


Le monsieur avait envie de s’asseoir maintenant à côté de moi. Mouais si tu veux, pas toutes les cinq minutes, j’ai l’intention de dormir. Et j’y retournais. Dans l’écharpe. Ensuite une dame et son fils d’environ sept ans arrivent et s’assoient en face de moi. Bonjour !!!!

Mmmmm.


Elle avait besoin d’attention cette dame. Elle nous expliquait à moi et mon voisin de droite maintenant, en nous regardant bien, qu’elle avait été bloquée sur le quai, à cause de contrôleurs qui regardaient un à un les billets des usagés. Elle a bien cru rater son train etc…. Elle avait l’air gentil et bien élevé, un peu année 80 au niveau de la sape et de la coupe de cheveux mais pourquoi pas, on fait ce qu’on veut avec son look.
En gros, l’ambiance s’annonçait convivial à mon grand désarroi. En fin de gueule de bois, et aussi par politesse, un œil fermé, un œil ouvert, je me suis redressée et  je suis parvenue à aligner deux mots à notre femme des années 80: ah bon ?  Ouais, moi, on m’appelle la pipelette. Tu me dis bonjour et je te tiens la jambe pendant des heures. A la fin tu connais le nom de ma première maîtresse (Mme Bergeron) et la couleur de mes chaussettes que j’avais achetées à Rotterdam avec mes parents en 1986.
Mais le monsieur à côté de moi - que je prenais pour un homme dans sa soixantaine juste content de la vie et heureux de prendre le train en face de moi, puis à coté de moi - très poli lui a répondu «  ah mais Delphine je t’avais dit de ne pas retournée acheter tes journaux …… »

Mais que se passe-t-il ? Qui parle ? Ils se connaissaient ? Pourquoi elle me regardait alors ? En fait, les chaises musicales c’était juste pour que je comprenne bien que les places étaient réservées à sa famille. Et « Delphine » ne me parlait pas du tout. Elle racontait juste à son mari, la panique qu’elle s’était prise dehors et moi avec mon ah bon anodin, je me mêlais carrément de se qui ne me regardait pas. Je me suis encore plus ratatinée dans mon siège et me suis endormie après l’annonce du contrôleur : « Bonjour vous êtes en voiture 18, espace convivialité (je m’en doutais !), dites bonjour à votre voisin (véridique !) et le monsieur à côté, tout sourire « ah bah moi, c’est fait, j’ai dit bonjour ! »
C’était vrai. Bonne nuit.



Illustrations de Lorie Letrepuec qui aime les biches comme moi. Merci poulette.

5 commentaires:

  1. je t'avais dit que ca faisait des guilis dans le ventre d'être cité dans ton blog ?

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  2. Je peux en dire plus si tu veux. Je peux même faire un mardi que sur toi! Oh bon idée ça!

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  3. faudra que je dessine ?

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  4. Bon idée comme bon voyage ou bon chance! BONNE!!!!!
    Heu oui Cedric mi décembre on fera un spécial TOI. Tu dessines et je parles de toi. Je l'ai déjà fait pour ton annif mais je peux a mort le refaire. Rien ne m'arrête.

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