Bonjour et bon mardi.
Suite et fin du
thème qui nous préoccupe : les rencontres sur Internet. J’insiste, je
sais, ça fait trois mardis que je vous rabâche le même sujet, je sais, mais
c’est mon blog, j’y fais ce que je veux.
Je disais donc… aucun
homme ne retenait vraiment mon attention sur ces sites. Je prenais par contre
de l’assurance et draguais en veux-tu, en voilà. Je me prenais des vestes
aussi. Beaucoup. En fait, les beaux mecs, ceux que je trouvais canons, ceux où
je me disais : « putain, si celui-là, je lui plais, qu’il me répond et qu’on se rencontre samedi
prochain et que peut-être il a une maison dans le Somerset, qu’il veut
absolument que je vienne à son vernissage et que peut-être en route dans sa
décapotable, je mettrai un foulard parce qu’il y aura du vent etc… » Et
ben, ceux-là ne répondaient jamais à mes
« Coucou ça va ? ». Jamais.
Par contre, de
sacrés numéros m’ont contacté. Y’a eu celui qui adorait les chiens. Sur toutes
ses photos, il était affalé avec ses cinquante chiens. Sur son canapé, dans sa cuisine,
nez contre nez. Il sentait bon le terroir et l’honnêteté. Un mec qui ose mettre
dix photos sur son profil, au lieu de deux suffisantes, toutes avec un ou
cinquante chiens, c’est que vraiment, c’est sa passion. On sait de suite à qui
on a affaire. Je pensais pourtant avoir bien mis
cheval only à animaux. Et juste par
loyauté.
Peut-être qu’il
avait craqué en voyant mes photos de trois quarts.
Y’a aussi eu Tom,
le sportif, qui me demandait si j’aimais le trekking dès le deuxième échange.
Je m’arrête deux
secondes. Est-ce que j’aime le trekking ?
A-t-il lu mon
profil ? Des heures de questionnement et de remise en cause. Est-ce que
j’avais mis que je faisais, ou même, que j’aimais le sport ? Non. Le trekking encore moins. Je n’aime pas marcher pour aller chercher ma fille à
l’école, alors juste l’idée de marcher dans le désert avec Tom, me donne des
hauts le cœur. J’ai mis fin à cette correspondance immédiatement.
On n’allait nulle
part là.
Jenny au chapeau de
cow-boy (une de celles qui ont un verre à la main) a profité de mon scepticisme
pour me dire que, sans rire, j’avais des yeux magnifiques. J’ai dit merci à
Jenny. Enfin quelqu’un qui avait vu la beauté telle qu’elle était. Jenny a
encore un peu insisté. Pour ma carrière de lesbienne, c’était le moment ou
jamais. Mais j’ai préféré lui interdire l’accès à mon espace-rencontre. Elle
était trop collante et pas mon style.
Jusqu'à Andréou.
Photo stylée et soignée, un petit air de Sherlock Holmes pour ceux à qui ça
dit.
Il avait l’air différent des autres et plus tourné vers la culture. Vu la
tournure des choses, j’avais renoncé au prince charmant, mais je pouvais me
faire des amis. Ce que je m’échine à dire depuis le début. Une rencontre
déboucherait sur un nouveau monde et
d’autres gens. D’autres princes charmants.
On n’a pas attendu
trop longtemps pour se retrouver dans un musée, j’en avais un peu marre
d’écrire en fait. C’était l’hiver.
Il neigeait un peu. C’était une grande première pour moi de rencontrer
un inconnu, j’avais choisi un endroit public, car je suis méfiante et
trouillarde. En arrivant dans le hall du musée, la peur au ventre, il m’a fait
signe, je n’ai reconnu que la
petite moustache. Aucune trace de Sherlock Holmes. S’il avait l’air
grand et fin sur la photo, il s’était ratatiné entre temps et mangé au KFC tous
les jours. Andréou était petit et gros. Un p’tit gros. J’ai normalement rien
contre, mais Andréou avait menti sur la marchandise et pas joué le jeu des
rencontres sur internet comme il fallait. D’accord, j’ai dit que j’étais là
pour créer des liens amicaux, mais j’appréciais moyen ce changement en cours de
route. Pas cool Andréou, je fais quoi maintenant? Je vais pas te dire « ah
non je peux pas, faut que je reparte car tu es petit et gros ». Malgré ma
déception, nous allons boire un
café à la cafète et Monsieur sort fièrement sa carte de membre. Super. Va, pour
un café. Andréou est roumain. Andréou est féru d’Histoire aussi. Et il parle
couramment le français. Je me suis fait le Andréou pendant quasi deux heures,
il m’a sorti la bio de Napoléon, ce que ce grand monsieur a fait pour les
écoles roumaines et l’admiration sans bornes qu’ont les Roumains pour la
France. Napoléon. C’est mon père qu’aurait dû être assis là avec Andréou, ils
se seraient adorés. Ça lui aurait fait plaisir qu’Andréou soit mon nouveau
fiancé.
Sans le faire
exprès je le jure, j’arrêtais pas de parler de Pip. Le moindre sujet avait un
lien avec lui. Je m’en rendais compte et je me faisais un peu de la peine.
Allez Andréou, si
t’as ta carte de membre, on va se faire l’expo Pop art. Il y avait une salle
fermée avec un panneau sur une porte disant que l’accès était réservé aux
personnes de plus de 18 ans. Tiens, tiens j’me suis dis, cool, c’est pour moi
ça. Mon côté canaille a écrasé mon côté alerte rouge. J’adore les interdits.
Andréou n’avait pas
l’air convaincu. Il l’avait déjà vu, il avait trouvé ça bof bof. Andréou, je
suis une femme libre. J’ouvrai magistralement les deux portes et là, je tombai
sur les photos format géant de La Cicciolina, prises par son mari de l’époque,
Jeff Koons.
J’ai regretté à
l’instant même où j’ai franchi ces deux portes. Madre mia.
La Cicciolina sur
un rocher, la Cicciolina et son intérieur – pas chez elle - les fesses de la
Cicciolina, ouhla son poupoute.
Aaahhhhh arrêtez !!!!
On voyait
tout ; et j’étais avec ce mec que je ne connaissais pas. Malgré mon
embarras, je l’ai joué très détachée, très scène de crime. Tel un professeur
les mains dans le dos et l’air pensif. Grand moment de solitude. Après ça, j’ai
invoqué la neige, dit à Andreou
que j’habitais hyper loin, que si je rentrais pas maintenant, je serai coincée
pour la soirée. Je sais que ça lui aurait plu l’idée de m’héberger pour cause
de neige, mais j’étais pas là pour
améliorer les échanges culturels Franco-Roumain. Allez, la bise et je suis
partie. Quel désastre. Désolée Andréou mais on recherchait pas la même chose je
crois. J’avais, le lendemain un goût amer de m’être fait avoir et d’avoir dû
être un peu sèche avec quelqu’un de gentil. J’ai fermé mon compte sur le champ
et dis adieu au prince charmant de l’internet.
Illustrations de Stéphanie Lollichon. Quel délice de vous avoir chaque semaine mes amis.
je suis tout à fait d'accord avec le petit chien...
RépondreSupprimerDe quoi? Tu aimes mes seins Anonyme? Qui es tu voyou (te)?
RépondreSupprimerÇa devient hot Marie me ! anthony
RépondreSupprimerMais non pas voyou. Je persiste et signe, ce petit chien a tout fait raison...
RépondreSupprimerc'est qui cet(te) anonyme amateur de beaux paysages valonnés ? jenny qui serait de retour ???
RépondreSupprimeret une mention spéciale pour la dessinatrice du jour ! pas évident de passer derrière Julie, la patronne du genre. Beaucoup de finesse, avec une touche d'audace et de polissonerie ! bravo !
RépondreSupprimer