mardi 16 octobre 2012

Les Cybermecs


Bonjour et bon mardi.

Suite et fin du thème qui nous préoccupe : les rencontres sur Internet. J’insiste, je sais, ça fait trois mardis que je vous rabâche le même sujet, je sais, mais c’est mon blog, j’y fais ce que je veux.

Je disais donc… aucun homme ne retenait vraiment mon attention sur ces sites. Je prenais par contre de l’assurance et draguais en veux-tu, en voilà. Je me prenais des vestes aussi. Beaucoup. En fait, les beaux mecs, ceux que je trouvais canons, ceux où je me disais : « putain, si celui-là,  je lui plais, qu’il me répond et qu’on se rencontre samedi prochain et que peut-être il a une maison dans le Somerset, qu’il veut absolument que je vienne à son vernissage et que peut-être en route dans sa décapotable, je mettrai un foulard parce qu’il y aura du vent etc… » Et ben, ceux-là ne répondaient jamais à mes 
« Coucou ça va ? ». Jamais.


Par contre, de sacrés numéros m’ont contacté. Y’a eu celui qui adorait les chiens. Sur toutes ses photos, il était affalé avec ses cinquante chiens. Sur son canapé, dans sa cuisine, nez contre nez. Il sentait bon le terroir et l’honnêteté. Un mec qui ose mettre dix photos sur son profil, au lieu de deux suffisantes, toutes avec un ou cinquante chiens, c’est que vraiment, c’est sa passion. On sait de suite à qui on a affaire. Je pensais pourtant avoir bien mis cheval only à animaux. Et juste par loyauté.
Peut-être qu’il avait craqué en voyant mes photos de trois quarts.

Y’a aussi eu Tom, le sportif, qui me demandait si j’aimais le trekking dès le deuxième échange.
Je m’arrête deux secondes. Est-ce que j’aime le trekking ?
A-t-il lu mon profil ? Des heures de questionnement et de remise en cause. Est-ce que j’avais mis que je faisais, ou même, que j’aimais le sport ? Non. Le trekking encore moins. Je n’aime pas marcher pour aller chercher ma fille à l’école, alors juste l’idée de marcher dans le désert avec Tom, me donne des hauts le cœur. J’ai mis fin à cette correspondance immédiatement.

On n’allait nulle part là.

Jenny au chapeau de cow-boy (une de celles qui ont un verre à la main) a profité de mon scepticisme pour me dire que, sans rire, j’avais des yeux magnifiques. J’ai dit merci à Jenny. Enfin quelqu’un qui avait vu la beauté telle qu’elle était. Jenny a encore un peu insisté. Pour ma carrière de lesbienne, c’était le moment ou jamais. Mais j’ai préféré lui interdire l’accès à mon espace-rencontre. Elle était trop collante et pas mon style.

Jusqu'à Andréou. Photo stylée et soignée, un petit air de Sherlock Holmes pour ceux à qui ça dit. 
Il avait l’air différent des autres et plus tourné vers la culture. Vu la tournure des choses, j’avais renoncé au prince charmant, mais je pouvais me faire des amis. Ce que je m’échine à dire depuis le début. Une rencontre déboucherait sur un nouveau monde et  d’autres gens. D’autres princes charmants.
On n’a pas attendu trop longtemps pour se retrouver dans un musée, j’en avais un peu marre d’écrire en fait. C’était l’hiver.  Il neigeait un peu. C’était une grande première pour moi de rencontrer un inconnu, j’avais choisi un endroit public, car je suis méfiante et trouillarde. En arrivant dans le hall du musée, la peur au ventre, il m’a fait signe, je n’ai reconnu que la  petite moustache. Aucune trace de Sherlock Holmes. S’il avait l’air grand et fin sur la photo, il s’était ratatiné entre temps et mangé au KFC tous les jours. Andréou était petit et gros. Un p’tit gros. J’ai normalement rien contre, mais Andréou avait menti sur la marchandise et pas joué le jeu des rencontres sur internet comme il fallait. D’accord, j’ai dit que j’étais là pour créer des liens amicaux, mais j’appréciais moyen ce changement en cours de route. Pas cool Andréou, je fais quoi maintenant? Je vais pas te dire « ah non je peux pas, faut que je reparte car tu es petit et gros ». Malgré ma déception, nous allons  boire un café à la cafète et Monsieur sort fièrement sa carte de membre. Super. Va, pour un café. Andréou est roumain. Andréou est féru d’Histoire aussi. Et il parle couramment le français. Je me suis fait le Andréou pendant quasi deux heures, il m’a sorti la bio de Napoléon, ce que ce grand monsieur a fait pour les écoles roumaines et l’admiration sans bornes qu’ont les Roumains pour la France. Napoléon. C’est mon père qu’aurait dû être assis là avec Andréou, ils se seraient adorés. Ça lui aurait fait plaisir qu’Andréou soit mon nouveau fiancé.
Sans le faire exprès je le jure, j’arrêtais pas de parler de Pip. Le moindre sujet avait un lien avec lui. Je m’en rendais compte et je me faisais un peu de la peine.

Allez Andréou, si t’as ta carte de membre, on va se faire l’expo Pop art. Il y avait une salle fermée avec un panneau sur une porte disant que l’accès était réservé aux personnes de plus de 18 ans. Tiens, tiens j’me suis dis, cool, c’est pour moi ça. Mon côté canaille a écrasé mon côté alerte rouge. J’adore les interdits.

Andréou n’avait pas l’air convaincu. Il l’avait déjà vu, il avait trouvé ça bof bof. Andréou, je suis une femme libre. J’ouvrai magistralement les deux portes et là, je tombai sur les photos format géant de La Cicciolina, prises par son mari de l’époque, Jeff Koons.
J’ai regretté à l’instant même où j’ai franchi ces deux portes. Madre mia.
La Cicciolina sur un rocher, la Cicciolina et son intérieur – pas chez elle - les fesses de la Cicciolina, ouhla  son poupoute. Aaahhhhh arrêtez !!!!

On voyait tout ; et j’étais avec ce mec que je ne connaissais pas. Malgré mon embarras, je l’ai joué très détachée, très scène de crime. Tel un professeur les mains dans le dos et l’air pensif. Grand moment de solitude. Après ça, j’ai invoqué la neige, dit  à Andreou que j’habitais hyper loin, que si je rentrais pas maintenant, je serai coincée pour la soirée. Je sais que ça lui aurait plu l’idée de m’héberger pour cause de neige, mais j’étais  pas là pour améliorer les échanges culturels Franco-Roumain. Allez, la bise et je suis partie. Quel désastre. Désolée Andréou mais on recherchait pas la même chose je crois. J’avais, le lendemain un goût amer de m’être fait avoir et d’avoir dû être un peu sèche avec quelqu’un de gentil. J’ai fermé mon compte sur le champ et dis adieu au prince charmant de l’internet.


Illustrations de Stéphanie Lollichon. Quel délice de vous avoir chaque semaine mes amis.




6 commentaires:

  1. je suis tout à fait d'accord avec le petit chien...

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  2. De quoi? Tu aimes mes seins Anonyme? Qui es tu voyou (te)?

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  3. Ça devient hot Marie me ! anthony

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  4. Mais non pas voyou. Je persiste et signe, ce petit chien a tout fait raison...

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  5. c'est qui cet(te) anonyme amateur de beaux paysages valonnés ? jenny qui serait de retour ???

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  6. et une mention spéciale pour la dessinatrice du jour ! pas évident de passer derrière Julie, la patronne du genre. Beaucoup de finesse, avec une touche d'audace et de polissonerie ! bravo !

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