Pourquoi ne pas faire une étude à la loupe des
habitudes de mes chers Rosbifs ?
Je peux très bien être anthropologue pour
la journée. Je crois franchement qu’après six années passées dans ce pays, ce
diplôme devrait m’être accordé. Ça ou la nationalité. Enfin, moi, j’aime bien
être française. Parce que, plaignez-vous les gars, d’être français et de votre
pays qui tombe en décrépitude; mais moi, ce passeport m’a toujours porté chance
à l’étranger. Qu’ils soient américains
ou anglais, ils adooooorent mon accent, comment je m’habille et même ma façon
de penser. Pour eux, je suis élégante, libre et moderne. So french ! Et on ne rigole pas. Avant, je n’avais pas conscience de ces atouts. C’est
devenu, tout doucement, un avantage d’être française. Mes défauts se sont
transformés en qualités. Si ça, c’est pas super ! J’étais parfois bougonne et
impulsive, parfois trop directe avec certaines personnes. Même moi ça
m’énervait. Et bien non, eux, ils aimaient bien.
Ça n’a pas toujours été le cas. Au début, on me regardait un
peu de travers. Ils étaient
choqués qu’on puisse dire franchement ce qu’on pense, sans humour,
dérision ou gêne. Avec le temps,
ils ont compris comment je fonctionnais et ne s’offusquaient plus. J’ai même
parfois ressenti une pointe d’envie. Comme si pour eux, c’était juste
impossible. On ne leur avait pas appris.
Beh oui, les Anglais sont diplomates, archis polis, ils
tergiversent beaucoup et surtout s’excusent en permanence : oups I’m sorry. Même quand c’est pas de leur faute.
Mon mari et moi avons eu l’occasion plus d’une fois de
confronter nos différences culturelles. Je regrette qu’on ne m’ait pas donné un
petit guide, un feuillet aurait fait l’affaire, sur comment comprendre les
Anglais. Décrypter leur Non, reconnaître un OUI. C’est un peuple complexe vous
savez, ils trouvent très difficile de dire les choses comme elles sont. Prenons
l’exemple d’une journée shopping avec son mari. Prenons mon mari. Il essaie une
fringue dans une cabine d’essayage, en ressort gêné et penaud, proche du malaise
(rien que ça je ne comprend pas, j’aimerais que ce soit dans le
guide aussi!).
Une Anglaise dirait à mon mari : « Oh yes, c’est bien ça ! J’aime les petites finitions en rouges, c’est
chic ». Moi, j’ai dit :
« Ah ça va pas être possible Darling, les décorations rouges, là, t’as
l’air d’un sapin de Noël, essaie donc autre chose. Le bleu te va mieux en
général, ça fait ressortir tes beaux yeux que j’aime tant ».
Voilà, c’est net, précis, sans chichis. Direct quoi. Pas
méchant. Ni gentil. C’est : on essaie des fringues depuis trois heures,
j’ai faim et t’arrives pas à te décider, j’en ai marre !!
Alors, en Angleterre, ma méthode ne marche pas du tout.
C’est comme un choc, ou une baffe en pleine gueule. C’est agressif et belliqueux.
C’était le même souci pour aller au cinéma ou faire les
courses. Si j’ai pas envie de faire quelque chose, je dis : non. Si
j’avais eu ce maudit guide, j’aurais compris que parfois, pour exprimer un non,
il faut dire un oui.
Situation typique :
- Veux-tu
aller voir Fast and Furious IV ce soir au cinéma ?
- Oui,
pourquoi pas, mais j’avais vraiment envie d’aller voir Jane Eyre (ou Crimes et
châtiments ou Barry Lindon, choisissez un film aux antipodes) plutôt. Pas
toi ?
Après ce grand moment de diplomatie, il faut croiser les doigts et prier pour que
l’individu saisisse la perche, sinon, mes chers amis, vous êtes obligés d’aller
voir les voitures de courses et Vin Diesel. Ok, y’a aussi le blond aux yeux
bleus que ça me dérangerait pas qu'il me pourchasse, mais c’est les
voitures, mon problème.
Et moi, je dis qu’un non bien franc, évite souvent les
emmerdes et en terme financier, ça peut faire faire des économies.
Cependant, il y avait une urgence avec la belle famille.
J’ai dû tempérer plus rapidement avec eux, dans l’espoir d’avoir quand même des
gens qui m’aiment et pas toujours me sentir seule.
Si on récapitule tout, mon anglais était à revoir, mon
accent à couper aux couteaux et mes aptitudes sociales à étudier en profondeur.
Grâce à tout ce savoir aujourd’hui, je ne relève plus chaque
réflexion faite sur les Français qui sentent le camembert ou mauvais tout
court. Je n’ai plus de territoire à défendre. Je suis entre deux pays, je
n’appartiens à aucun. Et je sens bon.
Non, vraiment Vive l’Angleterre !
j'adore la petite anamorphose sur le perso, on voit bien que tu dessines en te reposant la tete sur le bras de temps en temps
RépondreSupprimerOui, et des fois je m'endors ...!
RépondreSupprimerEn tant que cuisinière je trouve le roastbeef très fidèle !
RépondreSupprimerJe suis ce blog tous les mardis, et je suis particulièrement fan de la manière d'écrire ! Bravo !
Merci Marie, compliments bien reçus.
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