mardi 8 mai 2012

Let it Be

 Pourquoi ne pas faire une étude à la loupe des habitudes de mes chers Rosbifs ?
Je peux très bien être anthropologue pour la journée. Je crois franchement qu’après six années passées dans ce pays, ce diplôme devrait m’être accordé. Ça ou la nationalité. Enfin, moi, j’aime bien être française. Parce que, plaignez-vous les gars, d’être français et de votre pays qui tombe en décrépitude; mais moi, ce passeport m’a toujours porté chance à  l’étranger. Qu’ils soient américains ou anglais, ils adooooorent mon accent, comment je m’habille et même ma façon de penser. Pour eux, je suis élégante, libre et moderne. So french ! Et on ne rigole pas. Avant, je n’avais pas conscience de ces atouts. C’est devenu, tout doucement, un avantage d’être française. Mes défauts se sont transformés en qualités. Si ça, c’est pas super ! J’étais parfois bougonne et impulsive, parfois trop directe avec certaines personnes. Même moi ça m’énervait. Et bien non, eux, ils aimaient bien.
Ça n’a pas toujours été le cas. Au début, on me regardait un peu de travers. Ils étaient  choqués qu’on puisse dire franchement ce qu’on pense, sans humour, dérision ou gêne.  Avec le temps, ils ont compris comment je fonctionnais et ne s’offusquaient plus. J’ai même parfois ressenti une pointe d’envie. Comme si pour eux, c’était juste impossible. On ne leur avait pas appris.
Beh oui, les Anglais sont diplomates, archis polis, ils tergiversent beaucoup et surtout s’excusent en permanence : oups I’m sorry. Même quand c’est pas de leur faute.
Mon mari et moi avons eu l’occasion plus d’une fois de confronter nos différences culturelles. Je regrette qu’on ne m’ait pas donné un petit guide, un feuillet aurait fait l’affaire, sur comment comprendre les Anglais. Décrypter leur Non, reconnaître un OUI. C’est un peuple complexe vous savez, ils trouvent très difficile de dire les choses comme elles sont. Prenons l’exemple d’une journée shopping avec son mari. Prenons mon mari. Il essaie une fringue dans une cabine d’essayage, en ressort gêné et penaud, proche du malaise (rien que ça je ne comprend pas, j’aimerais que ce soit dans le guide aussi!).
Une Anglaise dirait à mon mari : « Oh yes, c’est bien ça ! J’aime les petites finitions en rouges, c’est chic ».  Moi, j’ai dit : « Ah ça va pas être possible Darling, les décorations rouges, là, t’as l’air d’un sapin de Noël, essaie donc autre chose. Le bleu te va mieux en général, ça fait ressortir tes beaux yeux que j’aime tant ».
Voilà, c’est net, précis, sans chichis. Direct quoi. Pas méchant. Ni gentil. C’est : on essaie des fringues depuis trois heures, j’ai faim et t’arrives pas à te décider, j’en ai marre !!
Alors, en Angleterre, ma méthode ne marche pas du tout. C’est comme un choc, ou une baffe en pleine gueule.  C’est agressif et belliqueux.
C’était le même souci pour aller au cinéma ou faire les courses. Si j’ai pas envie de faire quelque chose, je dis : non. Si j’avais eu ce maudit guide, j’aurais compris que parfois, pour exprimer un non, il faut dire un oui.
   Situation typique : 
-    Veux-tu aller voir Fast and Furious IV ce soir au cinéma ? 
-    Oui, pourquoi pas, mais j’avais vraiment envie d’aller voir Jane Eyre (ou Crimes et châtiments ou Barry Lindon, choisissez un film aux antipodes) plutôt. Pas toi ? 

Après ce grand moment de diplomatie, il faut  croiser les doigts et prier pour que l’individu saisisse la perche, sinon, mes chers amis, vous êtes obligés d’aller voir les voitures de courses et Vin Diesel. Ok, y’a aussi le blond aux yeux bleus que ça me dérangerait pas qu'il me pourchasse, mais c’est les voitures, mon problème.
Et moi, je dis qu’un non bien franc, évite souvent les emmerdes et en terme financier, ça peut faire faire des économies. 
Cependant, il y avait une urgence avec la belle famille. J’ai dû tempérer plus rapidement avec eux, dans l’espoir d’avoir quand même des gens qui m’aiment et pas toujours me sentir  seule.
Si on récapitule tout, mon anglais était à revoir, mon accent à couper aux couteaux et mes aptitudes sociales à étudier en profondeur. 

Grâce à tout ce savoir aujourd’hui, je ne relève plus chaque réflexion faite sur les Français qui sentent le camembert ou mauvais tout court. Je n’ai plus de territoire à défendre. Je suis entre deux pays, je n’appartiens à aucun. Et je sens bon.

Non, vraiment Vive l’Angleterre !











4 commentaires:

  1. florent ruppert8 mai 2012 à 09:25

    j'adore la petite anamorphose sur le perso, on voit bien que tu dessines en te reposant la tete sur le bras de temps en temps

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  2. Oui, et des fois je m'endors ...!

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  3. En tant que cuisinière je trouve le roastbeef très fidèle !
    Je suis ce blog tous les mardis, et je suis particulièrement fan de la manière d'écrire ! Bravo !

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