Ma boîte travaillait sur la sortie de ce film
documentaire très chouette « The Devil and Daniel Johnston » sur la
vie de Daniel Johnston, un artiste touche à tout, qui jeunot s’était fabriqué
un studio d’enregistrement et un univers bien à lui pour enregistrer ses
propres chansons, sur ses propres cassettes, dessiner ses pochettes et
distribuer ses œuvres à ses copains. Il était fan de Casper le petit fantôme,
de Captain America, et avait peur du diable. Sa vie avait été interrompue par
de nombreux séjours en asile psychiatrique. Je le trouvais très touchant et
attachant mais il y avait, je pense, une manière de le prendre, de lui
parler. Il fallait se mettre à son niveau de folie douce, c’était dur d’être
fan de lui et de le craindre en même temps. Sa venue à Londres terrifiait donc
tout le monde surtout que pour la promo de ce film, il avait décidé de chanter.
Daniel, qui avait plus de 50 ans à l’époque, n’avait pas chanté depuis des
lustres et sortait juste d’un de ses longs séjours chez le
« docteur ». Aussi, il aimait bien porter toujours le même T-shirt
blanc. Gris, non, noir. Ah si, il était blanc, mais de le porter tous les jours,
dormir avec , manger avec et s’en servir de bavoir, ça donnait un effet
grisâtre…Daniel, il aimait bien fumer aussi. Il allumait ses clopes les unes
après les autres, c’était plus pratique. Et puis c’était gratos pour se teindre
les cheveux en jaune, quand on les avait blancs, comme Daniel. Daniel
était quelqu’un de tourmenté. Mais moi aussi, figurez-vous : j’étais en
plein stress mariage, patron qui disparaissait régulièrement et maintenant y’avait Daniel à gérer. Ça faisait
beaucoup.
Personnellement, j’avais pas grand-chose à voir
avec lui. C’était tout le bureau qui était en alerte rouge pour lui. Je l’ai vu
au pub du coin, fumer sa clope dehors, l’air hagard, pendant que mon patron le
félicitait de son beau film. Il me fixait étrangement, j’avais un chouia peur.
Sur un ton un peu pâteux, interrompant sa garde rapprochée, il m’a balancé de
loin : « Hey toi, t’as bien aimé mon film ? »
Alors là, Dany, je t’arrête tout de suite, je
suis bien trop à cran pour répondre à ta question !!!!!
Je sais pas si j’ai aimé ton film !Heu…
oui, j’ai aimé, tu m’as touché avec tes allures d’homme orchestre, et ton
studio maison, tes cassettes, tout ce bricolage. On te voit, tu as 18 ans, tu
es plein d’espoir et d’énergie, tout droit sorti d’un film de Gondry. Oui, j’ai
aimé ton film parce que c’est ta vie, parce que c’est triste, que j’aime la
country et que ta musique ça n’en est pas, mais que ça m’a rappelé la country.
Cette musique triste qui vient du fond de ton cerveau, qui fascine tes fans.
Oui, j’aime ce film car je te vois là, aujourd’hui, devant moi, tu es donc
sorti de ton hôpital psychiatrique. De ce que j’ai vu du film, je devrais un
peu me méfier, tu avais l’air imprévisible et moi j’ai un mariage sur le dos.
Tu comprends, faudrait que rien ne m’arrive juste maintenant, car Dany, je te
dis pas le stress que c’est d’organiser un mariage en France quand t’habites à
Londres.
Alors, je sais pas Daniel, là tout de suite,
j’essaie de suivre mon boss à la trace pour ne pas le perdre, comme ça, je rentre chez moi pas trop tard
et je continue mon deuxième boulot du moment, celui de préparer un mariage.
Daniel, si tu savais. Ma future belle-mère
voulait faire une pièce montée pour le dessert et il fallait que je me décide
vite, car ça prenait au moins six mois à faire. Et y’avait aussi celui de Noël!
Le temps pressait. Pudding ou pièce montée ? Cheddar ou Bleu
d’Auvergne ? Tous ces choix me rendaient folle.
Détail important Daniel, mon futur mari devait
se convertir à ma religion, qu’on nous disait. J’en avais donc une ! Ça m’a
un peu effrayé au départ tous ces rendez-vous avec Jésus, parce que le mariage
pour moi, c’était plus l’idée de faire la fête qui me séduisait. Mes peurs
s’estompèrent quand le pasteur de notre quartier, nous proposa de discuter de
tout ça autour d’une bière. Il a vu que j’avais un enfant et que nous vivions
déjà tous sous le même toit, pour lui c’était réglé. Il prit soin de nous
demander si nous nous disputions. On a dit : oui bien sûr ! Il a
répondu : parfait. D’après lui, fallait pas trop croire aux merveilles du
mariage, c’était pas ce qu’on croyait, c’était difficile, avec des épreuves,
blablabla... Tout ça autour d’une bière.
Côté Français, on était plus réglo. A ma
première visite chez le curé, du village de ma mère, j’ai eu droit à un regard
accusateur. J’étais venu avec Oscar, qui comptait les chaises de la salle
paroissiale. Je vois qu’on est venu accompagnée ? Moi guillerette,
j’acquiesçais. Là : regard réprobateur. Mon interlocuteur avait l’air
coriace. Il était plus jeune que moi et me faisait la morale. C’était pas très
moderne tout ça Daniel, tu trouves pas ?
Ceci dit, la date fatidique arrivant, je me
sentais prête et à aucun moment je n’ai douté ou remis en question notre
décision. Si à l’époque le mot mariage ne signifiait encore rien, la petite
fête qu’on organisait pour le célébrer était toute bien réfléchie.
Mon partenaire de jeu me plaisait toujours
terriblement et j’en étais très amoureuse.
J ai bien ri merci ! Et très beau portait de Daniel ! S il est à vendre j achete directe !!!!!! Bisous anthony
RépondreSupprimerje ne connais pas ce monsieur si tourmenté, je ne connais pas non plus les joies des préparatifs d'un mariage, je ne connais pas Londres.... finalement je suis bien ignorante et j'adore ça! c'est très sympa de découvrir tous ces univers, avec une humour qui plus est! Comme d'hab donc, Marie et Julie, je me régale :-)
RépondreSupprimerCher Anthony, on peut s'arranger, j'en suis sure mais sache que les dessins de Julie n'ont pas de prix, ils sont les petits bijoux de notre blog et c'est tout.
RépondreSupprimerCeline, pour toi, l'aventure continue ...
http://www.youtube.com/watch?v=TV6LPx1ezYs&feature=share
RépondreSupprimerPour la douceur….
Chère Marie , votre belle mère a raison , la pièce montée convient mieux.Le pudding n'est il pas un peu trop connoté ....English ?
RépondreSupprimerNous parlerons plus tard de ce jeune pretre catalan.
Amitié.
Vivement mardi !