mardi 3 avril 2012

Twist and Shout # 2


Ma boîte travaillait sur la sortie de ce film documentaire très chouette « The Devil and Daniel Johnston » sur la vie de Daniel Johnston, un artiste touche à tout, qui jeunot s’était fabriqué un studio d’enregistrement et un univers bien à lui pour enregistrer ses propres chansons, sur ses propres cassettes, dessiner ses pochettes et distribuer ses œuvres à ses copains. Il était fan de Casper le petit fantôme, de Captain America, et avait peur du diable. Sa vie avait été interrompue par de nombreux séjours en asile psychiatrique. Je le trouvais très touchant et attachant mais il y avait, je pense, une manière de le prendre, de lui parler. Il fallait se mettre à son niveau de folie douce, c’était dur d’être fan de lui et de le craindre en même temps. Sa venue à Londres terrifiait donc tout le monde surtout que pour la promo de ce film, il avait décidé de chanter. Daniel, qui avait plus de 50 ans à l’époque, n’avait pas chanté depuis des lustres et sortait juste d’un de ses longs séjours chez le « docteur ». Aussi, il aimait bien porter toujours le même T-shirt blanc. Gris, non, noir. Ah si, il était blanc, mais de le porter tous les jours, dormir avec , manger avec et s’en servir de bavoir, ça donnait un effet grisâtre…Daniel, il aimait bien fumer aussi. Il allumait ses clopes les unes après les autres, c’était plus pratique. Et puis c’était gratos pour se teindre les cheveux en jaune, quand on les avait blancs, comme Daniel. Daniel était quelqu’un de tourmenté. Mais moi aussi, figurez-vous : j’étais en plein stress mariage, patron qui disparaissait régulièrement et maintenant  y’avait Daniel à gérer. Ça faisait beaucoup.
Personnellement, j’avais pas grand-chose à voir avec lui. C’était tout le bureau qui était en alerte rouge pour lui. Je l’ai vu au pub du coin, fumer sa clope dehors, l’air hagard, pendant que mon patron le félicitait de son beau film. Il me fixait étrangement, j’avais un chouia peur. Sur un ton un peu pâteux, interrompant sa garde rapprochée, il m’a balancé de loin : « Hey toi, t’as bien aimé mon film ? »



Alors là, Dany, je t’arrête tout de suite, je suis bien trop à cran pour répondre à ta question !!!!!
Je sais pas si j’ai aimé ton film !Heu… oui, j’ai aimé, tu m’as touché avec tes allures d’homme orchestre, et ton studio maison, tes cassettes, tout ce bricolage. On te voit, tu as 18 ans, tu es plein d’espoir et d’énergie, tout droit sorti d’un film de Gondry. Oui, j’ai aimé ton film parce que c’est ta vie, parce que c’est triste, que j’aime la country et que ta musique ça n’en est pas, mais que ça m’a rappelé la country. Cette musique triste qui vient du fond de ton cerveau, qui fascine tes fans. Oui, j’aime ce film car je te vois là, aujourd’hui, devant moi, tu es donc sorti de ton hôpital psychiatrique. De ce que j’ai vu du film, je devrais un peu me méfier, tu avais l’air imprévisible et moi j’ai un mariage sur le dos. Tu comprends, faudrait que rien ne m’arrive juste maintenant, car Dany, je te dis pas le stress que c’est d’organiser un mariage en France quand t’habites à Londres.
Alors, je sais pas Daniel, là tout de suite, j’essaie de suivre mon boss à la trace pour ne pas le perdre,  comme ça, je rentre chez moi pas trop tard et je continue mon deuxième boulot du moment, celui de préparer un mariage.

Daniel, si tu savais. Ma future belle-mère voulait faire une pièce montée pour le dessert et il fallait que je me décide vite, car ça prenait au moins six mois à faire. Et y’avait aussi celui de Noël! Le temps pressait. Pudding ou pièce montée ? Cheddar ou Bleu d’Auvergne ? Tous ces choix me rendaient folle.
Détail important Daniel, mon futur mari devait se convertir à ma religion, qu’on nous disait. J’en avais donc une ! Ça m’a un peu effrayé au départ tous ces rendez-vous avec Jésus, parce que le mariage pour moi, c’était plus l’idée de faire la fête qui me séduisait. Mes peurs s’estompèrent quand le pasteur de notre quartier, nous proposa de discuter de tout ça autour d’une bière. Il a vu que j’avais un enfant et que nous vivions déjà tous sous le même toit, pour lui c’était réglé. Il prit soin de nous demander si nous nous disputions. On a dit : oui bien sûr ! Il a répondu : parfait. D’après lui, fallait pas trop croire aux merveilles du mariage, c’était pas ce qu’on croyait, c’était difficile, avec des épreuves, blablabla... Tout ça autour d’une bière.

Côté Français, on était plus réglo. A ma première visite chez le curé, du village de ma mère, j’ai eu droit à un regard accusateur. J’étais venu avec Oscar, qui comptait les chaises de la salle paroissiale. Je vois qu’on est venu accompagnée ? Moi guillerette, j’acquiesçais. Là : regard réprobateur. Mon interlocuteur avait l’air coriace. Il était plus jeune que moi et me faisait la morale. C’était pas très moderne tout ça Daniel, tu trouves pas ?

Ceci dit, la date fatidique arrivant, je me sentais prête et à aucun moment je n’ai douté ou remis en question notre décision. Si à l’époque le mot mariage ne signifiait encore rien, la petite fête qu’on organisait pour le célébrer était toute bien réfléchie.

Mon partenaire de jeu me plaisait toujours terriblement et j’en étais très amoureuse.







5 commentaires:

  1. J ai bien ri merci ! Et très beau portait de Daniel ! S il est à vendre j achete directe !!!!!! Bisous anthony

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  2. je ne connais pas ce monsieur si tourmenté, je ne connais pas non plus les joies des préparatifs d'un mariage, je ne connais pas Londres.... finalement je suis bien ignorante et j'adore ça! c'est très sympa de découvrir tous ces univers, avec une humour qui plus est! Comme d'hab donc, Marie et Julie, je me régale :-)

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  3. Cher Anthony, on peut s'arranger, j'en suis sure mais sache que les dessins de Julie n'ont pas de prix, ils sont les petits bijoux de notre blog et c'est tout.
    Celine, pour toi, l'aventure continue ...

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  4. http://www.youtube.com/watch?v=TV6LPx1ezYs&feature=share
    Pour la douceur….

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  5. Chère Marie , votre belle mère a raison , la pièce montée convient mieux.Le pudding n'est il pas un peu trop connoté ....English ?
    Nous parlerons plus tard de ce jeune pretre catalan.
    Amitié.
    Vivement mardi !

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